Dananananaykroyd

Moins d'un mois après des premiers pas remarqués aux côtés de Kaiser Chiefs dans la salle de l'Olympia, Dananananaykroyd se voyaient offrir cette semaine leur première véritable opportunité de briller en tant que tête d'affiche. Invités à se produire au Nouveau Casino dans le cadre d'une soirée Custom pour laquelle Porcelain et Bear Hands étaient également conviés, les écossais ont indéniablement fait forte impression de par leur aptitude scénique bien au-dessus de la moyenne.

Premiers sur scène sur le coup de 20h30, les français de Porcelain se produisent face à un public encore éparse mais toutefois concerné, une impression découlant probablement de la présence de nombreux proches du groupe. Avec un chant peu convaincant et des compositions qui ne le sont pas plus, la prestation du groupe se révèle déroutante en dépit de la variété des titres présentés, de l'expérimental au rock pur et dur en passant par des sonorités plus électroniques mais sans véritable intérêt. Une demi-heure de set ponctuée par deux titres somme toute de bonne facture… un bien maigre bilan à l'heure des comptes pour la formation dont le troisième album est annoncé pour le printemps prochain.
A peine plus attendus, les américains de Bear Hands constituent la belle surprise du soir dans un style aux influences multiples et variées. A quatre sur scène avec des changements d'instrument à intervalle régulier, la formation se révèle des plus efficaces titre après titre sans jamais tomber dans la facilité. Oscillant entre la guitare et le clavier, le vocaliste Dylan Rau passe ainsi rapidement pour la tête pensante du groupe alors que les arpèges du discret Val Loper apportent plus dans la construction de rythmiques prenantes qu'ils ne pourraient le laisser penser au premier abord. Une révélation notamment symbolisée par le single What A Drag à paraître le mois prochain chez Too Pure.

Après de longues minutes passées à installer les instruments de ses six membres, Dananananaykroyd peuvent enfin débuter leur show dont la durée totale flirtera au final avec le cap fatidique de l'heure. Dans un état second après avoir profité des breuvages locaux des heures durant, les écossais semblent plus décidés que jamais, et ce dès les premières secondes de Hey Everyone, à rallier un public timide et éparse à leur cause. Le groupe joue fort, avec passion et fougue, et il n'est pas un titre sans que l'un de ces jeunes effrontés ne se jette en fosse pour haranguer les plus timides et les pousser à les rejoindre dans leur folle épopée.
En dépit d'une propension à perdre le fil de leurs compositions peut-être encore trop marquée, Dananananaykroyd nous convainquent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire que leur véritable intérêt se trouve à mi-chemin entre l'époustouflante débauche d'énergie les caractérisant sur une scène et un vrai talent d'écriture dans le domaine des brûlots punk. En enchaînant les singles Pink Sabbath, Black Wax et le tonitruant Some Dresses, interrompu comme à l'accoutumée par l'instauration d'un « wall of cuddles », la réussite est au rendez-vous et prolongée avec un certain plaisir grâce aux excellentes bsides Chrome Rainbow et No Wage.
Qu'importe si de nombreuses personnes, peut-être effrayées par une telle déferlante de décibels et cris, ont préféré quitter le lieu de manière anticipée, la fin de la soirée se veut plus explosive que jamais avec une série de titres parmi les plus rythmés de leur catalogue. Infinity Milk et Song One Puzzle sont ainsi choisis pour mettre un terme à la première partie du concert avant que le groupe ne relance la machine lors d'un rappel inattendu avec Totally Bone puis 1993.

Loin d’être usurpée, la réputation flatteuse de Dananananaykroyd devrait rapidement valoir au groupe un succès critique parfaitement mérité.