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God Is An Astronaut

Paris, Glaz'Art - 10 avril 2009

Live-report par Ludovic

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Ce vendredi 10 avril, belle affiche post-rock en perspective au Glazart, avec la première date parisienne des irlandais de God Is An Astronaut. Il est très étrange de se dire que malgré ses six ans d’existence, quatre albums de grande qualité et de nombreuses dates dans toute l’Europe, les frères Kinsella ne se soient jamais produits en live sur nos terres. L’heure est donc venue ce soir de rattraper le temps perdu.

Pour ouvrir la soirée, deux formations françaises les accompagnent. Tout d’abord, les parisiens de Lovely Girls Are blind chauffent tranquillement la salle, avec un son assez complexe et planant, porté par un synthétiseur assez hypnotique. Nous sommes loin du post-rock classique, et certains morceaux se rapprochent même plus des sonorités électroniques de Nathan Fake. Sans être non plus transcendante, la prestation des quatre parisiens nous installe doucement dans l’ambiance de la soirée.
Entrée en matière plus violente des bisontins de Stellardrive. Les compositions se font ici plus hardcore et lorgnent outrageusement du côté de Pélican ou Isis. S’ils ne possèdent pas les variations techniques ou les nuances sonores de ces formations, force est de reconnaître qu’ils arrivent à distiller une vraie puissante scénique. Jamais nous n’avons entendu jusqu’à présent un groupe français produire un tel son. Les envolées électriques portées par trois guitaristes, et les nombreuses distorsions nous transportent par instants totalement dans leur univers. Si l’originalité n’est pas la marque de fabrique de Stellardrive, il est vraiment agréable de découvrir un tel groupe dans notre pays. Il est dommageable que leurs vidéos, axées sur l’univers des étoiles et des planètes, soient gâchées par des éclairages beaucoup trop clairs. Passé ce petit regret, nous ne pouvons que saluer Stellardrive pour cette puissance sonore, qui prouve enfin que la scène post-hardcore française existe et mérite parfois d’être connue.

Après ces deux mises en bouche plus qu’agréables, l’heure est enfin venue de découvrir God Is An Astronaut en live. Malheureusement pour nous, et pour les trois irlandais, le Glazart est faiblement rempli ce soir là, prouvant le chemin qu’il leur restent à parcourir pour conquérir notre territoire. La faible assistance ne décourage toutefois pas les musiciens qui ont tout mis en place afin de nous faire passer un de ces « trop rares » inoubliables moments.
Sur les premiers accords, nous pensons assister à un concert classique de rock instrumental : une musique planante, technique, mais pouvant manquer de rythme et de dynamisme. Heureusement, au bout de cinq minutes, tous les doutes sont levés. Le son se fait à la fois plus hardcore, progressif, très varié, mais également très dansant. Sur chaque titre, nous sommes totalement absorbés par une rythmique hallucinante. Le duo basse/batterie nous balance un son d’une telle clarté et perfection que nous avons encore du mal à croire qu’ils soient si peu connus dans notre pays. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, ni communication, sans que l’ennuie ne se fasse ressentir une seule seconde. Si la structure de chaque chanson peut paraître très classique, et nous fait forcément penser à Mogwai ou Explosions in The Sky, le format court des titres donne une vraie fraîcheur à l’ensemble. Aucun passage ne dure trop longtemps, et chaque nouvel accord contribue à faire monter la pression. Le jeu de scène est simpliste, mais diablement efficace et provoquant immédiatement les « headbangues » du public.
Plus le show avance, plus God is an Astronaut s’éloignent du Post-rock, pour nous entraîner dans un univers beaucoup plus dansant et électronique, nous faisant penser à « !!! » ou « LCD Soundsystem ». Aucune fausse note ne vient gâcher leur prestation. Il est même surprenant de se dire qu’avec une seule guitare le son puisse être aussi varié et complexe. Mais contrairement à Mogwai, la technicité n’est ici pas une finalité en soi, mais juste un moyen de faire évoluer chaque composition vers un final planant et entêtant. Les vidéos sur fonds de planètes et d’explosions contribuent à un véritable voyage de l’esprit, à tel point que nous nous demandons par moments où nous nous trouvons.
Après plus de 1h45 de show, le public ne veut pas en rester là. Les trois génies nous le rendent bien , avec un rappel d’une puissance inouïe, se concluant par un solo de batterie dantesque.

Le show terminé, nous avons tous le sentiment d’avoir assisté à un de ces shows difficiles à oublier. Espérons seulement que l’écho de ce sublime concert soit assez conséquent afin que les programmateurs de salles et festivals français pensent à eux. Il paraît en effet impensable que notre pays continue à bouder ce genre d’artistes, si indispensables pour le post-rock actuel.