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Ebony Bones

Paris, Festival Villette Sonique - 31 mai 2009

Live-report par Anne-Laure

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Pour sa quatrième édition, le festival Villette Sonique nous ouvre de nouveau sa petite boite à surprise et déploie tout un arsenal de groupes frappadingues, underground, que l’on n’entend nulle part ailleurs. Déjà quatre jours que la « grand’messe du n’importe quoi » a lieu sur les jardins et pelouses de la Villette, et la programmation de ce samedi promet une explosion de couleurs et de sons propices à clore cette ultime journée un arc en ciel bruitiste !

Le public parisien avide d’éclectisme musical, se presse, nombreux déjà, vers les jardins de la Treille où va se produire Monotonix, groupe Israélien incontrôlable. Une dégaine de moustachus chevelus en slips éponges se donnant corps et âmes (au sens propre comme au sens figuré) pour un spectacle rock’n roll digne d’une rencontre entre Franck Zappa et les Martin Circus ! D’ailleurs, leur show n’est pas du gout de tout le monde, puisque les autorités Israéliennes leur ont tout bonnement interdit toute représentation sur le territoire. Obligé de s’expatrier afin de pouvoir s’exprimer, le groupe n’en dégage que plus de hargne et de folie, allant jusqu’à se faire porter par la foule sur la grosse caisse (pour le chanteur) ou jouer directement lové façon « rescapés d’un incendie » dans la couverture verte initialement prévue au sol pour le guitariste et le batteur. Un grand moment d’euphorie (potache) générale !
La journée se poursuit avec un set plus ou moins convainquant de Deerhoof, et l’énergie contagieuse de Dan Deacon et l’ensemble des douze musiciens l’accompagnant pour l’occasion.
La grande majorité du public reste massé sur la prairie du Cercle Nord afin d’assister à la dernière performance musicale du jour : Ebony Bones et son groupe déjanté. Sortie du rôle de jolie pimbêche qu’elle a tenu près de sept ans pour le sitcom anglais Family Affairs, Ebony a tout plaqué pour se créer un nouveau personnage : celui d’une fashionista décomplexée, prête à se lancer dans la musique avec autant de passion et d’ingéniosité qu’elle déploie dans sa façon de se vêtir.

A peine montée sur scène, on comprend que l’on ne va pas vraiment assister à un concert, mais bien à un carnaval, autant au travers de la fabuleuse perruque bleue électrique qu’arbore fièrement la choriste, de la coiffe « apache » du guitariste que de la tenue excentrique jaune poussin d’Ebony Bones. A peine aperçoit-on sa coupe afro peroxydée que débute alors un tohu-bohu de couleurs, de sons entremêlés, de chahut général sur scène qui vous soulève et fait sourire, ou bien à contrario fait fuir ! Car c’est avec un peu de réserve que la foule accueille We Know All About You détonnant, morceau d’ouverture du concert, tant cette décharge phonique peut surprendre. Il faudra attendre trois ou quatre titres avant que le public ne se réchauffe tout à fait, sur un rythme « hard zouk », (ou post-funk-rock, les expressions ne manquent pas !).
Sur scène, tout le groupe entame une petite chorégraphie sur ce rythme festif, et Ebony nous crie son leitmotiv : « Let the party going on ! ». La foule se lâche un peu plus et Don’t Fart On My Heart clôt la récréation un peu trop tôt ! (sept titres joués seulement)

Heureusement, Ebony Bones nous réserve un rappel détonant : reprise du hard zouk toujours aussi fédérateur, et surprise générale du public quand résonne en basse saturée les premières notes de Seven Nation Army. Maintes fois repris, le tube des Whites Stripes est remixé à la sauce Ebony, avec renfort de rythmes cubains et énergie collective. Un concert très bon enfant, autour de morceaux multi-genres, et un non-sérieux assumé pour ce groupe qui ne cherche qu’à remuer et faire sautiller les foules. Déjà congratulée par Jarvis Cocker, Timbaland ou encore Grace Jones, notre starlette a de quoi faire pâlir Santogold avec un premier album post-punk et frappé comme il faut.

Avec une sortie prévue le 15 juin en France, à coup sûr, Bones Of My Bones ne laissera personne indifférent.