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Ebony Bones

Paris, Trianon - 24 février 2011

Live-report par Amandine

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Soirée étrange que celle organisée au Trianon ce jeudi. Rendez-vous est pris à 19h pour un vernissage (tant et si bien que l'on puisse utiliser ce terme quand seules trois ou quatre œuvres sont présentées) autour du thème de la soirée : le carnaval... à moins que la vedette ne soit Grolsch, marque de bière organisant l'événement. Peu importe, c'est avec délice que nous entrons dans le théâtre du Trianon.

 

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En effet, même si la soirée va avoir son lot de déceptions, il faut reconnaître le judicieux choix du lieu : ce théâtre, nouvellement rénové et réouvert au public depuis quelques mois, est majestueux et avoir le privilège de baigner pendant des heures en ce décor rococo reste un énorme point positif de ce jeudi.
Tout commence donc dans une ambiance un brin guindée, avec une bonne centaine d'invités ayant le privilège d'assister à un début de soirée artistique et à l'open bar qui l'accompagne. La seconde initiative s'avère vite plus intéressante que la première. Toutes les activités proposées, du DJ ringard au sculpteur sur glace (créant, je vous le donne en mille, une bouteille de bière de la marque qui nous accueille) se confondent en un brouhaha désagréable. Les fashionistas arborent leurs pantalons taille haute à pinces et leurs chemises d'hommes manches relevées dernier cri (et du plus mauvais goût), se trouvant une nouvelle passion pour la bière qui semble leur donner un air plus underground. Bref, vous l'aurez compris, même s'il est agréable de se rincer le gosier gratuitement pendant toute une soirée, ce n'est pas suffisant pour passer du bon temps, surtout quand on est là pour les concerts !

 

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Il faut attendre 22h pour que la musique soit placée sur le devant de la scène... encore que, ce n'est pas vraiment le cas puisque l'ensemble de percussions venu de Londres, Badger Badger, fait son apparition dans le hall du théâtre et toute la première partie de son show prend les allures d'une parade de mardi gras. La samba un peu décalée apporte enfin une ambiance de carnaval à la soirée. Des danseurs et danseuses sont au centre de toutes les attentions et on comprend pourquoi : les jeunes filles, déguisées en animaux (le dress code étant Carnival Animals) se trémoussent à moitié nues, poitrines à l'air, toutes fesses dehors et, à ce moment, je me rends compte à quel point cette soirée, dans sa débauche vulgaire, fait offense au lieu majestueux qui l'entoure.
Peu à peu, le défilé rejoint la scène et la salle se remplit petit à petit jusqu'à déborder. Une longue pause s'ensuit avant de retrouver, enfin, celle pour qui nous avons fait le déplacement ce soir: Ebony Bones.

 

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Ebony Thomas, ancienne star d'un soap opera anglais, a décidé, il y a quelques années, de quitter la télévision pour se consacrer à sa passion depuis toujours : la musique. Influencée par la musique des Clash et de Grace Jones, par le visuel des shows de Prince, elle s'entoure de musiciens reconnus tels que Rat Scabies, batteur de The Damned, et leur donne une dimension cartoonesque en leur inventant une garde-robe fantasque, haute en couleurs, à l'image de la personnalité chatoyante de la chanteuse.
Comme on pouvait le prévoir, toute la palette chromatique est représentée. Ebony, comme à son habitude, est débordante d'énergie, sautant un peu partout sur la scène. Son mélange de funk, pop, ragga, rythmes tribaux se veut drôle, on aime la mise en scène burlesque qui permet enfin à ce carnaval de prendre son envol. Le public est déchaîné mais très vite, le set tombe plus dans l'entertainment que dans la musique. La furie fait bouger les spectateurs de gauche à droite, d'avant en arrière, un peu comme au mariage d'Isabelle et Roger, le tout engendrant une certaine lassitude au final. Quarante-cinq minutes de concert, faisant trembler le Trianon, seront largement suffisantes. On laisse le lieu aux DJs prévus pour continuer de mettre le feu.

Ce soir, nous avons eu la confirmation que lorsqu'un grand distributeur de boissons décide de faire sa promotion pour s'implanter en France, il sait y mettre les moyens. Là où un jeune musicien peine à remplir l'International, la marque s'offre la splendeur du Trianon et met l'art au service du business dans une ambiance de fête, une ambiance enivrée et fiévreuse mais où la musique devient presque anecdotique.
A ces soirées parisiennes, on préfèrera suer sous 40°C dans une cave, payer ses bières et assister à un concert où seules la musique et l'énergie sont de mise.