Après avoir écumé moult salles parisiennes au cours de la décennie passée, et notamment le Palais Omnisport de Paris Bercy en première partie de Muse le mois dernier, c'est dans un Trabendo bondé que les trois écossais de Biffy Clyro, plus populaires que jamais en France, se produisaient en tête d'affiche cette semaine. Un concert qui aura prouvé, si cela était encore nécessaire, que le trio figure mérite bel et bien sa place parmi les meilleurs groupes live de la scène rock actuelle.

En ouverture de la soirée, les cinq gallois de
People In Planes tentent de nous convaincre durant une longue demi-heure du bienfondé de leur présence. De bonnes intentions rapidement réduites à néant par des compositions sans grande originalité au sein desquelles l'influence grandissante d'un son américain teinté d'emo s'est imposée au fil des années. A l'exception du premier titre joué,
Beyond The Horizon, l'aspect expérimental de
la musique du quintette semble avoir définitivement laissé la place à la puissance des guitares sur laquelle deux voix complémentaires et un clavier enchaînant les mélodies empreintes de clichés se greffent. La puissance est là, à l'image du single accrocheur
Mayday, mais l'absence d'une quelconque once de subtilité dans les sept morceaux proposés pousse au final à dresser un bilan négatif de l'indigeste et poussif rock FM développé par le groupe.

S'ensuit alors une attente de près de quarante cinq minutes pour le public pourtant mis en jambes et impatient de voir les trois héros du soir débuter leur set. Dès 21h, les lumières s'éteignent tandis que le groupe prend place et lance son concert immédiatement avec
That Golden Rule dont le son lourd et puissant provoque le déchainement de la fosse. L'enchaînement avec
Living Is A Problem Because Everything Dies est imparable, avant que Simon Neil, torse nu comme à son habitude, se jette guitare à la main sur le premier rang du public pour les dernières notes de
A Whole Child Ago. La réaction du public est proportionnelle à cette entame parfaite, prolongée qui plus est par deux compositions récentes parmi les plus accessibles du groupe,
Bubbles et
Who's Got A Match?.
Après cette entame clairement destinée au plus large public drainé depuis les sorties successives de
Puzzle et
Only Revolutions vient l'heure d'explorer en long et en large une discographie désormais bien chargée. Les fans de la première heure se font ainsi entendre avec une joie non contenue sur
57 et
Justboy, alors que le tortueux
There's No Such Thing As A Jaggy Snake offre une occasion rêvée à la voix du trio de pousser les quelques cris et hurlements ayant fait sa renommée à une autre époque. Au milieu de ce déluge de décibels, les apaisés
Machines et
God And Satan font figure d'ovnis mais parviennent malgré tout à charmer l'auditoire de par leurs qualités intrinsèques.
Le groupe, comme à son habitude, n'est pas avare en efforts pour maintenir le rythme à un haut niveau. Les remerciements envers la salle sont chaleureux et sincères, et l'énergie déployée à tout instant par Ben Johnstone derrière sa batterie contribue à amplifier la puissance de feu à son paroxysme sur
Glitter & Trauma,
Saturday Superhouse, l'inespéré
Liberate The Illiterate ou encore
The Captain pour lequel l'ensemble de la salle unit ses forces pour un cri rageur lançant l'introduction du morceau.
Si le rappel se révèle d'un niveau plus faible de par le choix des titres interprétés, la démonstration exercée par Biffy Clyro durant plus de 1h30 s'est révélée à la hauteur des espérances du public. Au sommet de son art, en mêlant puissance, cohésion et envie, le groupe fait bel et bien partie des tous meilleurs.