Charly Coombes & The New Breed
Supergrass

Il y a des moments qu'on aurait aimé ne jamais avoir à vivre, mais ainsi va la vie : Supergrass se séparent. Pourtant, il y a quelques semaines à peine, Gaz et Danny tournaient sous le nom des Hot Rats et annonçaient le retour de Supergrass pour bientôt... Qui eût cru que ce serait la dernière fois ?

Alors que la mythique formation britpop s'apprête à rendre les armes, nous accueillons en première partie le plus jeune représentant de la fratrie Coombes, Charly, qui semble en passe de reprendre le flambeau familial avec son groupe The New Breed. Découvert il y a quelques années avec les brillants mais éphémères 22-20s, le jeune pianiste est resté le même durant cette période : même veste en cuir, même allure négligée avec des cheveux longs et une barbe de trois jours... et même discrétion en dépit d'un charisme indéniable.
Désormais au centre de toutes les attentions, les trois musiciens l'accompagnant jouant au final de simples rôles de faire-valoir, il étonne et détonne avec un son rock fortement teinté de blues et de soul tout en restant assis derrière son clavier une demie-heure durant. Son répertoire peut malgré tout encore sembler inégal, mais la réaction d'un public de plus en plus enthousiaste au fil des minutes renforce l'idée que le jeune anglais est dès à présent paré pour reprendre le flambeau de ses glorieux ainés, qui plus est avec des compositions du calibre de Panic In Between The Sheets ou Shadow et de surprenantes aptitudes vocales. Un jeune talent à suivre, sans l'ombre d'un doute !

Puis le moment tant redouté arrive : la dernière fois que l'on voit Supergrass monter sur scène. Jouant la carte de la nostalgie, ils vont nous faire remonter le temps en musique avec une setlist à rebours qui commence avec des chansons du dernier album, Diamond Hoo Ha et qui se terminera avec le mythique I Should Coco. Entre chaque séquence temporelle, des images datant de la période de la sortie du disque sont projetées en fond de scène. L'émotion est d'emblée très palpable dans le public rassemblé ce soir, les cris de joie fusent avant même qu'une seule note retentisse. A contrario, on ne perçoit que peu de sentiments de la part du groupe lui-même, bizarrement. Les anglais jouent de manière quelque peu mécanique les derniers singles Diamond Hoo Ha Men et Rebel In You.
Ce qui est plutôt compréhensible lors des séquences Diamond Hoo Ha et Road To Rouen devient de plus en plus incongru à mesure que l'on remonte le temps : ils ne se lâchent que très peu, ce qui dommage, car dans le public, c'est tout le contraire. L'atmosphère se réchauffe vraiment à partir de Grace datant de l'époque Life On Other Planets puis monte de plus en plus haut, de plus en plus fort au fil des tubes : Moving, Pumping On Your Stereo, In It For The Money, Sun Hits The Sky... pour finalement atteindre le délire complet lors de la séquence I Should Coco ! Le sol de la Cigale tremble sous les pogos des fans en transe sur Alright, Mansize Rooster, Strange Ones...
Toute la Cigale est debout, jusqu'au dernier rang du balcon, pour saluer le final en apothéose sur Caught By The Fuzz ! Malheureusement un petit décalage entre le public complètement extatique et un groupe en mode « voilà, ça c'est fait » se fait toujours ressentir...

Pour détendre l'atmosphère, Mickey s'apprête à détruire la batterie de Danny à coup de basse, mais Gaz ne s'attarde pas sur la scène après le dernier salut collectif. On aurait apprécié un peu plus de sentimentalisme de la part d'un groupe qui a très peu déçu au cours de ces quinze années, et qui bénéficie d'un capital de sympathie incommensurable. Peut-être sont-ils en phase de déni ? Quoiqu'il en soit, ça y est, c'est fini. Ils vont énormément nous manquer.