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Mount Kimbie

Paris, Point Éphémère - 17 septembre 2010

Live-report par Hybu

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Il est un exercice particulièrement désagréable que je ne devrais d'ailleurs pas faire : désavouer un collaborateur. Il y a quelques mois, la chronique de l'album de Mount Kimbie était scandaleusement négative. Comparer Mount Kimbie à l'un des groupes les plus surestimés de la décennie, Fuck Buttons, situe le niveau d'erreur en question. A l'image du disque, le concert donné à Paris ce vendredi, avant-gardiste (sur ce point, nous sommes d'accords) et particulièrement audacieux, était simplement sublime.

S'il y a bien une chose qu'il faut comprendre avec Mount Kimbie, c'est que leur musique ne tient pas essentiellement de l'electronica, mais bel et bien du dubstep, dans sa version la plus mutante et aliénée, largement influencé par le (post-) rock ou le 2-step (les cuts de voix en sont typiques). A tel point qu'aujourd'hui, on attribue à leur musique et celle d'une poignée de bidouilleurs inspirés (James Blake, Untold ou Joy Orbison) le terme certainement très prétentieux de post-dubstep.
Mount Kimbie ont ainsi donné un fabuleux concert au Point Éphémère. Leur dubstep donc, brumeux, mélancolique et délicat, joué entièrement en live, sans abelton ni laptop) avec claviers, guitare et samplers s'est révélé réjouissant, et particulièrement inspirant lorsque l'on est soit même producteur. Parfois d'une beauté contemplative à couper le souffle, la musique de la formation ne perd pourtant jamais son aspect dansant grâce à des rythmiques chaloupées et profondes nous laissant dans un état un peu improbable, les yeux écarquillés (ou fermés, au choix), les pieds et les hanches bougeant indépendamment de notre volonté.

Si parfois l'on pourrait le reprocher que certains morceaux se terminent brutalement en pleine montée, personne ne le leur reprochera, car n'est-ce pas là intéressant de sortir un peu du carcan que peu parfois représenter un genre de musique ? Mount Kimbie a largement contribué à relancer un dubstep qui s'enfonçait depuis un certain temps dans le wobble pompier... comme quoi il est encore possible de proposer de la musique avec de l'âme, même dans un genre pour lequel le public est plutôt habitué à hurler des « alleeeeeer » les bras en l'air comme un groupement un peu beauf.

A leurs côtés ce soir, El Gincho ont aussi proposé une prestation très bonne, mais c'est une autre histoire que je garderais pour moi.