Mount Kimbie

Mount Kimbie, un lieu à l'intérieur de chacun d'entre nous où les bus arrivent à l'heure.

Tel pourrait être l'adage caractérisant la musique du duo ; faisant éclater les derniers clivages dénonçant la froideur des musiques électroniques, ils avaient réussi le pari un peu fou avec leur premier album, Crooks & Lovers, en 2010, de se placer en chefs de file du post-dubstep.
Grâce à des compositions généreuses et éclectiques, ils avaient réduit le fossé entre amateurs avertis et le grand public : suffisamment insolents et créatifs pour les puristes et fédérateurs pour les novices. Contrairement à leurs aînés, pas de noirceur désespérante sentant le renfermé d’un hangar du sud de Londres mais une clarté et une dimension solaire qui manquaient au dubstep jusqu’alors. Dans une élégance qui leur est propre, Mount Kimbie venaient proposer une abstract minimaliste chaleureuse et élégante, mélangeant les genres et les sonorités pour finalement, à la manière de Boards Of Canada, remplir d’émotions un process pourtant totalement synthétique.

Aujourd’hui, c’est avec Cold Spring Fault Less Youth que Mount Kimbie reviennent et une fois encore, ils ne se positionnent pas là où on aurait pu le penser ; passant de Hotflush à la prestigieuse Warp et de leur chambre d’étudiants à un véritable studio, c’est désormais dans la cour des grands que l’on peut les trouver. Préférant les salles de concerts aux clubs, on avait pu remarquer un changement significatif, notamment appuyé par l’arrivée d’un batteur sur leurs prestations live. De bidouilleurs/producteurs, les deux sont devenus compositeurs et ce nouvel album est donc aux antipodes du premier, tout en gardant la patte du groupe.
Ici, Mount Kimbie ont opté pour des constructions plus standardisées qui élargissent encore le champ des possibles en ce qui concerne les auditeurs et, grande nouveauté, ils s’essaient au chant, ce qui a pour conséquence un virage plus pop dans la tendance de ce Cold Spring Fault Less Youth. Invitant le jeune prodige King Krule à deux occasions, ils délivrent ainsi des compositions résolument optimistes, assez loin du climat cotonneux qu’on leur connaissait.
Homogène dans sa diversité, et c’est peut-être finalement bien là que réside tout le génie de Dom et Kai, cet album reprend le meilleur de ce que le groupe avait déjà fourni pour le réinventer et le sublimer. Les samples sont beaucoup moins utilisés et le son paraît ainsi moins synthétique. Si Crooks & Lovers était plus tourné vers la recherche de nouveaux sons électroniques, sous forme de collages, Cold Spring Fault Less Youth fait l’expérience inverse et tend vers de la standardisation. Néanmoins, les onze titres restent un voyage vers une multitude de paysages sonores, bercés dès le début de Home Recording par un bruit de vagues s’échouant sur le rivage.

Moins impertinent que son petit frère, ce deuxième album reprend cependant le processus créatif caractéristique du groupe en en explorant un nouveau versant, tout aussi passionnant.