Si leur récent album,
Self Preserved While The Bodies Float Up, a pu déstabiliser une partie des fans de la première heure, Oceansize restent l'une des valeurs sûres de la scène progressive britannique. Toujours aussi prisées par le public, leurs prestations remplissent toujours les salles, en atteste leur venue dans un Nouveau Casino plein comme un œuf en ce 9 novembre 2010, qui plus est en présence des prometteurs Vessels de Leeds.

Après plus d'un mois passé sur les routes européennes, la fatigue peut se lire sur les visages, à commencer par ceux des cinq musiciens de
Vessels, invités par Mike Vennart et sa bande à voyager à leurs côtés de l'Allemagne à l'Espagne en passant par la Norvège, la Suisse ou encore le Danemark. Il n'est que 20h lorsque les cinq musiciens, anonymes aux yeux du public, débutent leur set avec
Monoform, long titre tortueux mêlant montée en puissance des guitare, basse agressive et moult effets électroniques. Trop mis en avant, et ce de manière pataude, ces derniers rendent l'écoute pénible, le morceau s'achevant sous des applaudissements polis mais peu convaincus.
C'est un autre groupe que l'on semble toutefois découvrir par la suite, plus à l'aise lorsque les instruments se superposent, une vraie simplicité se dégageant de titres plus aériens comme l'excellent
Ornafives, pourtant simple bside du récent single
Meatman, Piano Turner, Prostitute. Si les structures et sonorités touchent ponctuellement au domaine progressif, rendant la filiation avec Oceansize plus évidente, c'est au mouvement post-rock que le groupe semble appartenir, comme en atteste
Altered Beast. Après vingt minutes passées sur scène et trois titres joués,
Art/Choke et sa basse omniprésente clôturent le set de belle manière face à un public semble-t-il convaincu et approbateur vis à vis des aptitudes de Vessels. Qu'espérer de mieux pour une première date en France là où personne, ou presque, ne vous attendait ?

Il est à présent 21h, et si quelques problèmes techniques ont semblé retarder de quelques minutes l'entrée en scène d'
Oceansize, c'est un public très compact et impatient que les cinq musiciens originaires de Manchester vont tenter de satisfaire. A l'image de leur dernier album, le set est lancé avec une certaine brutalité par les courts mais directs
Part Cardiac et
Build Us A Rocket Then..., Mike Vennart éructant sans retenue avant que
Unfamiliar ne nous ramène dans des territoires plus conformes à la réputation du quintet. Cette première moitié de concert va ainsi se distinguer de par la forte prédominance de nouvelles compositions, notamment un impeccable
It's My Tail And I'll Chase It If I Want To tranchant avec la sérénité et le calme émanant de
Music For A Nurse et un très prenant
Silent/Transparent dont la montée finale s'avère captivante.
Las, alors que le public rechigne à s'enflammer,
Pine et
Paper Champion peinent à décoller à leur tour et font retomber l'ambiance naissante, les musiciens semblant dans l'incapacité de hausser le rythme ou de proposer mieux qu'une prestation bien rodée mais peu inspirée. Il faut ainsi attendre la dernière demi-heure pour retrouver le groupe au meilleur de sa forme, tout d'abord avec
Trail Of Fire et son piano entêtant, un
Ornament/The Last Wrongs encore une fois terriblement accrocheur et, en guise de rappel, l'unique titre extrait d'
Effloresce de la soirée :
Women Who Love Men Who Love Drugs. Un final salué à sa juste valeur et conclu par un long fade out à trois guitares alors que Steve Hodson et Mark Herron ont déjà rejoint les backstages quelques minutes plus tôt.
On préfèrera au final retenir les premiers pas encourageants de Vessels, car si, de l'aveu même de Mike Vennart, le Nouveau Casino est incontestablement l'une des salles préférées d'Oceansize, c'est un concert en demi-teinte que la formation de Manchester nous a proposé afin d'achever sa tournée européenne.