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The Wedding Present

Paris, Point Éphémère - 16 novembre 2010

Live-report par Amandine

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Il fallait être armé de patience pour ce début de soirée, car à peine sommes-nous arrivés au bord du Canal Saint-Martin que nous découvrons que la première partie de ce soir, Ganglians, accusera beaucoup de retard. Leur camion arrive finalement vers 20h30 et c'est aux alentours de 21h, après une heure d'attente interminable sous un froid glacial qu'ils débutent un set probablement trop précipité.

Nous nous attendions à ce que les Californiens nous réchauffent avec leur acid-pop ensoleillée mais nos attentes ne seront pas satisfaites. Un chanteur, n'ayant rien à envier aux Fleet Foxes question barbe, qui s'agite dès les premières secondes sur son petit clavier et nous livre un headbanging digne d'un concert de Deep Purple, sur une mélodie poppy, c'est tout de même étrange. Qu'à cela ne tienne, focalisons-nous sur la musique. Eh bien justement, malgré des mélodies catchy, l'emploi du clavier (donnant un petit côté Two Weeks et Grizzly Bear à l'ensemble) et des tempos intéressants et entraînants, un défaut ressort rapidement : les balances sont épouvantables, le son est saturé et un souffle perturbant ne disparaîtra pas durant les quarante cinq minutes du concert.
L'acoustique est étonnamment mauvaise pour le Point Éphémère. Les Américains ne jouent pas toujours en rythme, ils sonnent brouillon. On trouve à chaque titre un petit quelque chose d'assez captivant : une ligne de basse envoûtante, une folie psyché 70's mais le batteur peine à suivre, les instruments ne trouvent pas de cohésion et le rendu est anarchique et désagréable. Lorsqu'ils se risquent à des morceaux plus doux où la saturation acoustique se fait moins entendre, ce sont leurs limites qui apparaissent : ils n'excellent pas dans cet exercice. Les fins de titres sont bâclées, ils usent et abusent des effets, notamment sur la voix, jusqu'à un manque évident de cohérence; avec un bon mixage en studio, cela pourrait apporter un petit plus à leurs compositions ,mais avec la qualité sonore de ce soir, cela achève de tuer leur prestation déjà de qualité moyenne à l'origine.

C'est donc dans une salle pleine à craquer et avec un appétit inassouvi que l'on attend l'arrivée de David Gedge. Certains groupes n'ont pas une notoriété à la hauteur de leur talent et The Wedding Present, formé à Leeds en 1985, en est un parfait exemple : dix-huit singles placés dans le Top 40 au Royaume-Uni (dont douze la même année) et pourtant très peu d'échos dans la presse. David Gedge, tout comme son compatriote Mark E. Smith avec The Fall, influence certaine de The Wedding Present, aura été le membre fondateur et le seul rescapé de la formation initiale. Après une tournée autour de leur premier album George Best il y a quelques années, ils remettent le couvert aujourd'hui avec l'un des points culminants de leur discographie : Bizarro, sorti en 1989. L'idée de partir en tournée pour un album sorti il y a plus de vingt ans peut sembler incongrue sur le papier mais, en live, le concept porte ses fruits : The Wedding Present jouera ce soir l'intégralité du disque et nous proposera également quelques nouveaux titres fraîchement composés (You Jane ou encore Can You Keep A Secret).
Dès son entrée en scène, David Gedge vient nous rassurer sur sa forme : il est toujours aussi alerte malgré ses cinquante ans passés et l'arrivée ces derniers mois de Pepe Le Moko et ses yeux charbonneux à la basse vient ajouter une touche sexy qui semble ravir l'assemblée. Ils entrent directement dans le vif du sujet, le batteur frappe tandis que David Gedge se déchaîne déjà sur sa guitare. Ça joue fort, vite et on ne peut qu'être pris au piège de leur tourbillon. La voix est parfaitement maîtrisée, on sent qu'aucun effort n'est demandé; le leader du groupe possède indéniablement un sens aigu de la mélodie et du phrasé et l'on se délecte de ses placements si particuliers et non conventionnels. Ce soir, ils n'usent d'aucun effet et proposent ce son brut si caractéristique, à la fois austère et fougueux.
Ils alternent à merveille les moments calmes ou torrides à l'image de Kennedy ou Brassneck et tout au long du set, on sent qu'ils en ont encore sous le pied. Lumières rouges, rythmes endiablés, lignes de basse à nous compresser le cerveau, The Wedding Present monte le ton crescendo et à chaque morceau. On se demanderait presque comment ils vont réussir à tenir la barre. Le point culminant est atteint avec Take Me et ses dix minutes qui nous font oublier qui et où nous sommes.

The Wedding Present ont ce soir réussi le pari fou de mettre le feu à la salle en jouant des titres vieux de vingt ans. Le grand professionnalisme et la bonne humeur de David Gedge y sont vraisemblablement pour quelque chose et on se ravit déjà à l'idée de venir prochainement les acclamer lors de la promotion d'un futur album.