C'est donc à Gravenhurst qu'incombe la lourde tâche de débuter. Histoire de compliquer l'affaire, il jouera seul en formation acoustique, ce qui, comme cela nous le sera confirmé, n'est pas des plus aisés pour réussir à captiver l'attention d'un public distrait et plus badaud que curieux. Pour ceux qui ne connaitraient pas encore Gravenhurst, un homme se cache derrière ce nom : Nick Talbot. Ce jeune Anglais de Bristol eut la révélation musicale de sa vie en découvrant The Smiths et son idole n'est autre que leur guitariste, Johnny Marr. Il saura tirer de ces influences un jeu de guitare époustouflant et un sens aigu de la mélodie et de la composition.
Rapidement, Nick Talbot cède donc la place à Paul Smith venu présenter des titres de son premier album solo sans ses comparses de Maxïmo Park. On ne retirera pas au dandy son charisme : sans en faire trop, son aura captive rapidement l'assemblée. Malheureusement, c'est plus sa présence que sa musique qui est agréable ce soir : Paul Smith semble avoir choisi la voie de l'acoustique et de la pseudo originalité pour s'éloigner de ce qu'il a l'habitude de faire lorsqu'il officie au sein de Maxïmo Park.
Le quartet mancunien Airship vient ensuite nous proposer la fraîcheur des titres de son premier EP, Algebra. Avec une moyenne d'âge de vingt ans à peine, ils font déjà preuve de beaucoup de professionnalisme. Leur musique oscille entre power pop pêchue et pop plus calme. Ils alternent entre les deux styles pour construire un set qui réussit enfin à attirer les faveurs du public.
Ce que nous présentent les Américains de Violens est à l'opposé d'Airship. Leurs faits d'armes : un savant alliage de douceur et de violence, un univers romantique torturé, une noirceur presque salvatrice. Le leader, Jorge Elbrecht, nous emmène dans des circonvolutions sauvages, des contrées inexplorées. Des nappes de synthé vaporeuses, des guitares obsédantes, des mélodies qui restent suspendues et des harmonies dignes de Radiohead, il est inutile de préciser que les compositions de Violens ne sont pas forcément accessibles au premier abord mais lorsqu'on se laisse approcher par la musicalité à fleur de peau de Acid Reign, on côtoie les tréfonds d'une douce mélancolie. Quarante cinq minutes suffiront à nous submerger dans leur univers torturé.