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Johnny Flynn

Paris, Flèche d'Or - 26 novembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Difficile et ingrat le rôle du chroniqueur qui doit parler d’un groupe, d’un chanteur ou d’une chanteuse afin de faire ressentir l’émotion, le frisson, l’ivresse d’un concert, même quand celui ci s’avère académique, lancinant, pour ne pas dire sciant !
Vendredi 26 novembre la Flèche d’Or programmait une soirée sous le signe du folk, tendant vaguement vers le rock dans les moments les plus nerveux. Décidément en vogue, le folk version robes de tulles et boots en daim occupe une bonne place en ce moment à la Flèche d’Or mais n’arrive pas vraiment à trouver son public. Après Smoke Fairies et Tom Baxter le 18 novembre dernier où cinquante personnes au mieux se sont retrouvées au plus fort de la soirée, il n’y a guère plus de monde ce soir pour les concerts de Idiot Glee, Johnny Flynn, Twin sisters et The New Wine.

Sortant d’une torpeur à peine contrecarrée par quelques bières au prix du Saint-Emilion (peut-être faudrait-il arrêter d’augmenter subrepticement les prix des conso dans les salles de concerts !), le public épars de ce soir accueille un chanteur solo sur scène, Johnny Flynn. Coqueluche du revival folk en Angleterre du fait de son activité d’acteur sur les planches des théâtres Londoniens, Johnny Flynn est un songwriter à la tête d’ange, d’une chevelure blonde comme les blés qui s’accorde avec les reflets de sa guitare chromée, façon Banjo. Il y a dans les recherches sonores et rythmiques ce quelque chose de suranné et de volontairement rétro emprunté du côté du Mississipi et qui tend vers le blues US.

Âgé de 25 ans, Johnny a déjà joué dans plusieurs pièces de théâtre avec sa troupe Propeller, notamment du Shakespeare. Sur ses deux albums, A Larum et Been Listening, on peut croiser les univers d’un Sébastien Tellier quand il joue avec les sons à corde (on se permet un comparatif made in France) mais aussi, en simplifiant, du trio Cave, Ellis, Wilder lors de leurs sessions de Grinderman, voire de leurs Bandes Originales de films tels Jesse James. Hélas, il convient de mesurer les compliments et les comparatifs hâtifs. D’abord, Johnny est seul sur scène ce soir et, uniquement accompagné de sa guitare, le set prend des allures de session acoustique légèrement soporifique !

Les critiques, pourtant souvent élogieuses et le succès de son album lui ont permis de partir en tournée en dehors des frontières anglaises et européennes mais, sans ses arrangements (violons, contrebasse...) et ses musiciens (il s’est entouré du groupe instrumental The Sussex Wit, dont sa soeur fait partie, pour son album), ses compositions n’ont pas la substance et la matière grise nécessaires à nos attentes.
Il possède bien un je ne sais quoi de « poète » chanteur mais on rencontre ce genre d’artiste tellement souvent que, si le contenu ne vaut pas le contenant, on n’y prête plus vraiment attention et on se demande de sa musique, d’où elle vient et, surtout, où elle va.
Il y a du blues dans cette vieille guitare qui date de 1934 et sonne comme une harpe antique dont jouerait une vieille dame dans une cafétéria du Kansas. La musique de Johnny Flynn couvre un nombre incroyable de sujets, et c’est aussi le cas du type lui-même, un musicien artisan des mots, après deux albums seulement et une expérience aussi jeune de la musique. Du vécu sûrement avec ses expériences shakespeariennes, cela se reflète dans ses paroles.

Il paraît que Johnny Flynn est un mec sympa, intelligent et plein d’énergie. J’espère que nos routes se croiseront à nouveau afin que ce sentiment d’ennui profond ressenti ce soir ne soit pas définitif envers un artiste méritant peut-être mieux que ça...