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Johnny Flynn

Paris, Flèche d'Or - 15 novembre 2013

Live-report par Xavier Turlot

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Johnny Flynn a très peu joué en France, et lors de son dernier passage à la Flèche d’Or en novembre 2010, un problème logistique l’avait forcé à se produire seul sur scène pour faire la promotion de son album qui venait alors de sortir : Been Listening. S’il s’était très bien défendu, on avait quand même de bonnes raisons de vouloir le voir au sein de sa formation, The Sussex Wit, et en ce vendredi vint le temps de la réparation.

Le début de la soirée est assuré par un jeune Londonien multi-instrumentiste de talent, Cosmo Sheldrake, qui, à l’aide de sampleurs, d’une pédale-loop et d’un synthé, nous offre une électro étrange, envoûtante et dépaysante. Le musicien qui a enregistré des sessions vidéo dans une laverie, dans une porcherie et sur un chalutier, livre des compositions soyeuses et très personnelles qui préfigurent on l’espère un premier album.
Le groupe prenant la suite, à savoir Asgeir, attaque un set d’électro-pop quelque part à mi-chemin entre James Blake et Little Dragon, à un niveau sonore très faible qui peine à envelopper la salle. La voix mielleuse du chanteur et des rythmiques trop effacées ne font pas vraiment décoller l’ambiance, et seul le dernier morceau interprété échauffe le public.

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La salle de la Flèche d'Or est totalement comble un peu avant 22 heures pour accueillir Johnny Flynn et sa troupe. Les cinq potes du Sussex Wit attaquent leur set avec une chanson plus que méconnue : The Ghost Of O'Donahue, qui, en une fraction de seconde, nous transporte dans l'Irlande ancestrale avec sa triste mélodie sublimée par la polyphonie familiale Johnny/Lilly Flynn. Le chanteur attrape une mandoline et entame Cold Bread, un tube de son premier album, soutenu par une basse puissante, une batterie lourde et un orgue. Ils sont quatre à scander vigoureusement les couplets hors d’âge, toujours à cette subtile frontière entre musique traditionnelle et néo-folk. La foule connaît tous ses morceaux, l’accompagne sur le paisible Brown Trout Blues et assiste à une magnifique interprétation de Lost And Found. Tous les morceaux sont interprétés d’une manière plus riche en instrumentations où deux orgues sont omniprésents ainsi que la belle voix de la sœur du chanteur.
Johnny Flynn continue son jeu de picking sur sa guitare au son métallique inimitable, prenant le temps de couper un ongle réfractaire, plaisantant avec son public, avant d'entamer un titre de son dernier album Country Mile, Bottom Of The Sea Blues, suivi un peu plus tard d’un Country Mile d’anthologie aux voix décuplées et du single The Lady Is Risen adulé par la foule.

Les fans en auront ce soir pour leur compte car Johnny ne choisit pas entre ses trois disques, qui sont utilisés chacun dans la même proportion. Ainsi l’aérienne Been Listening au solo enivrant, la blues tachante Howl où Johnny Flynn se prête au jeu d’envolées soul et attrape quelques instants une trompette pour en tirer une ligne claire et cinglante qui mouche tout le monde, de même que la célébrissime The Wrot And The Writ, accompagnée d’une contrebasse, sont toutes présentes ce soir.

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Le Londonien est heureux de jouer, et paraît même surpris par l’enthousiasme du public français qu’il n’a pas l’air d’avoir anticipé. S’essayant à quelques phrases dans notre langue en se remémorant ses cours de primaire, l’ambiance de la soirée est décontractée au possible, à peine plus préparée qu’un jam au fond d’un pub. The Water, qu’il avait initialement interprétée avec Laura Marling, est adulée. Lilly Flynn tient les vocalises à la perfection, et cette idée d’insérer dans à peu près chaque titre des accords d’orgue chauds et souples est définitivement excellente.

Le quintet reprend deux titres festifs des débuts, The Box et Tickle Me Pink, échauffant un peu plus l’auditoire conquis, avant de signifier leur départ sous des cris de désapprobation bruyants. Johnny Flynn est encore une fois vraiment surpris par les manifestations du public, et c’est tout naturellement qu’il revient une minute plus tard, banjo à la main, pour offrir un rappel de deux chansons : Time Unremebered et Eyeless In Holloway achevé dans une explosion bordélique où Johnny Flynn hurle ses derniers phrasés « When you're dead » à l’unisson avec une audience galvanisée.
setlist
    The Ghost Of O'Donahue
    Cold Bread
    Brown Trout Blues
    Lost And Found
    Bottom Of The Sea Blues
    Been Listening
    Einstein's Idea
    Howl
    Country Mile
    The Wrote And The Writ
    The Water
    The Lady Is Risen
    The Box
    Tickle Me Pink
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    Time Unremembered
    Eyeless In Holloway
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