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Esben And The Witch

Paris, Point Éphémère - 21 février 2011

Live-report par Amandine

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Deux groupes sont annoncés pour accompagner ce soir Esben And The Witch au Point Ephémère.

C'est aux alentours de 20h15, dans une salle quasiment vide, comptant plus de photographes que de public, qu'entrent en scène The Danvilles. Les Américains sont là pour livrer un set plié en à peine quinze minutes, difficile en conséquence de se forger une idée précise sur leur musique. On s'en tiendra à la prestation. Formé autour de deux musiciens de The Bravery, le combo n'en est pas à son coup d'essai puisque chacun des membres œuvre dans différentes formations.
Ici, c'est un rock aux accents 60's qui est délivré; grandement influencé par le blues, allégrement servi par la voix éraillée du chanteur nous rappelant Screamin' Jay Hawkins, The Danvilles proposent des mélodies sans grand intérêt, si ce n'est vocalement. Le songwriting manque d'originalité et de travail mais le groupe est encore jeune et la marge de manœuvre assez importante.

 

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Quelques minutes après la fin de cette première partie express, devant un public encore timide et épars, c'est au tour des Américains de Transfer de faire leur apparition.
Fraîchement débarqués de San Diego, ils commencent dès le lendemain une tournée européenne avec White Lies. En guise de chanteur, un colosse de type scandinave avec une voix en total contraste avec son physique impressionnant. Rapidement, on comprend que le groupe surfe sur un rock atmosphérique maintes et maintes fois remâché : les compositions, bien qu'agréables à l'oreille, sont banales et il manque la petite touche qui permettrait de les faire sortir du lot. Pendant trente minutes, les morceaux se suivent et se ressemblent et seules quelques fans anglo-saxonnes au premier rang semblent se réjouir.

 

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Changement radical de décor et d'ambiance pour ce qui va suivre. Le Point Ephémère accueille Esben And The Witch pour l'ultime date de leur tournée européenne. Après deux EPs et un album sorti récemment, Rachel Davies et ses acolytes viennent prouver au public parisien que la réputation qui les précède est bien fondée.
Les instruments : un clavier, une table de mixage, une boîte à rythme et une guitare d'un côté, une guitare et une multitude de pédales de l'autre, un tom et une cymbale au milieu. Ils sont placés au devant de la scène tandis que deux réverbères sont posés en arrière plan et que la salle se remplit d'une fumée semblable à un épais brouillard. L'éclairage est réduit à son minimum; l'atmosphère ressemble à un roman d'Edgar Allan Poe, l'ambiance devient plus lourde alors que le trio fait son entrée sur l'introduction d'Argyria.

 

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Durant la soirée, on ne distinguera que leurs ombres et cet effet viendra renforcer la tension latente. La voix de Rachel est claire et inquiétante, les effets de guitare à faire grincer des dents. Il se dégage du groupe une tension anxiogène mais les spectateurs paraissent prendre du plaisir à cette violence masochiste. La frêle demoiselle semble en prise à une possession ou à un cas sévère de syndrome autistique tant elle se balance d'avant en arrière. Les rythmiques sont à la fois assurées par une boîte à rythme et par Rachel qui frappe le tom jusqu'à n'en plus pouvoir, tel un chaman, et ses coups finissent par ne faire qu'un avec les battements de notre propre cœur. La musique d'Esben And The Witch est chargée en tension, lourde mais le chant éthéré est là pour contrebalancer. Certains moments, plus calmes, annonciateurs d'un ouragan approchant mettent en valeur la maîtrise vocale mais ils sont vite rattrapés par des compositions enlevées, de grosses nappes, le tout sur un fond électronique.

Un larsen, un rapide signe de la main, comme si, durant cette petite heure, le trio n'avait jamais voulu communiquer pour ne pas rompre l'ambiance en suspens de la soirée. Les lumières se rallument et nous voilà sortis d'un rêve énigmatique, passionnant de noirceur et de souffrance.
setlist
    Argyria
    Marching Song
    Chorea
    Hexagons IV
    Marine Fields Glow
    Lucia, At The Precipice
    Warpath
    Battlecry/Mimicry
    Eumenides
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