Dans la continuité logique de leur parcours, Esben And The Witch explorent plus encore les expérimentations post-rock, sur quatre longues plages à l'ambiance sombre et menaçante.
A la fois minimaliste et solennel, sobre et épique, subtil et sauvage,
Older Terrors poursuit l'essai réussi sur le somptueux
The Jungle de leur précédent album
A New Nature, pour en extraire la substantifique moelle : l'intensité rock.
Le trio de Brighton sait prendre son temps, décortiquant chaque mélodie, chaque note, chaque pulsation, se distinguant à l'heure actuelle dans un contexte musical qui va à cent à l'heure. Le temps, ici, s'arrête, quarante-six minutes durant.
Le chant de Rachel Davies n'est sur ce quatrième opus qu'un instrument parmi d'autres. Mais quel instrument. Étirées, les compositions permettent à la chanteuse de respirer. Les longues et nombreuses phases instrumentales accentuent le potentiel de ses cordes vocales. Les rares silences en font ressortir la beauté froide et cristalline, à l'image des déchirants passages a capela de
Sylvan.
Marking The Heart Of A Serpent va, lui, bien au-delà de ce que l'on pouvait s'attendre du groupe, s'émancipant sur sa seconde moitié instrumentale dans des contrées aux frontières du shoegaze et du metal, avant de conclure sur deux minutes de prog rock que l'on souhaite maintenant à tout prix assister en live pour vivre pleinement le titre !
The Wolf's Sun est le morceau le plus rock de l'album, audible notamment dans la voix de Rachel Davies qui alterne entre grâce et animalité, se dédoublant pour plus d'impact avant le crash final sur lequel la guitare de Thomas Fisher et la batterie de Daniel Copeman s'enveniment brusquement pour un délicieux capharnaüm effréné auquel ne nous avaient jusque-là jamais habitués Esben And The Witch.
Older Terrors se termine sur
The Reverist, plage post-rock par excellence, qui débute sur trois minutes trente d'introduction instrumentale, lente et atmosphérique, qui appelle clairement à l'évasion, à la contemplation. Le chant prend ensuite les devants, entraînant, à la limite du trip-hop, avant de poursuivre sur une tessiture plus aiguë et saisissante, amenant sur un final répétitif terriblement envoûtant.
Esben And The Witch impressionnent par leur richesse musicale qui, album après album, ne cesse d'évoluer, depuis un premier effort studio paru il n'y a pourtant de cela que cinq ans ! On ne peut que s'empresser de voir ce qu'ils vont nous inventer par la suite, car encore une fois il paraît peu probable que le groupe se repose sur ses lauriers.