Porcelain Raft
Yuck
Trophy Wife

Sixième édition de la soirée Bim Bam Boom initiée par Magic au Point Ephémère ce vendredi. Cette fois, la revue frappe fort avec trois groupes qui ont le vent en poupe ces derniers mois : l'electro-pop vibrante et énigmatique de Porcelain Raft, la pop dansante de Trophy Wife et, enfin, les très attendus Yuck et leurs guitares revival 90s.

 

 

Vers 20h30, Porcelain Raft est désigné pour commencer la soirée. Ce Romain, Londonien d'adoption, a quitté son ancien groupe (Sunny Day Sets Fire) pour pouvoir créer de A à Z sa musique. Après avoir fait les premières parties de Blonde Redhead, il partage ces dernières semaines l'affiche avec Yuck pour la tournée européenne de ces derniers. Mauro Remiddi, homme à tout faire de Porcelain Raft, est passionné par le monde onirique et tente, à coup d'electro-pop saccadée et mystérieuse, de restituer les rêves qui le tourmentent. Armé de sa guitare, son clavier et sa boîte à rythme, il délivre des mélodies insondables ponctuées d'arrangements pré-enregistrés. Lorsqu'il se penche sur l'acoustique, sa voix revêt des accents de Don McLean revisité et modernisé. Savant mélange de pop traditionnelle et de sonorités électroniques, Porcelain Raft a le mérite de réussir à captiver l'attention d'un public de plus en plus nombreux.

 

 

Pour continuer sur la lancée de l'Italien, ce sont les Anglais de Trophy Wife qui viennent confirmer la réputation qui les précède. En janvier dernier, ils nous avaient laissés sur notre faim avec un set extrêmement court et pas totalement convaincant ; désormais forts de deux très bons singles, ils jouissent d'une foule plus dense qu'à la Flèche d'Or lors de leur dernier passage parisien. Niveau longueur du concert, on aura à peine mieux que les vingt minutes précédentes et surtout, le groupe nous laissera dubitatifs suite à une performance médiocre.
Problème de son dans les retours comme ils l'auront clamé du début à la fin ou manque de maîtrise scénique ? Toujours est-il que la mayonnaise a du mal à prendre : des titres dansants souvent trop rapides ou pas toujours en rythme, des morceaux plus calmes un peu soporifiques, on va vraiment finir par croire que Trophy Wife est un groupe qui, en live, n'est pas à la hauteur de ses compositions studio.

 

 

Le doute s'immisce alors : et si le constat était le même pour Yuck ? Le nouveau groupe de Daniel Blumberg et Max Bloom, les deux ex-Cajun Dance Party, fait le buzz ces derniers mois sur la toile. Revisitant le rock US des années 90, ils sont décidés à en découdre avec Paris.
C'est ce soir la dernière date de leur tournée européenne et ils nous ont livré avant le concert en interview qu'ils comptaient bien tout donner et envoyer du gros son pour charmer le public. Ils n'auront pas à se donner trop de mal car les nombreux spectateurs sont déjà acquis à leur cause, en prouvent les pogos et les applaudissements chaleureux.
Ils sont heureux d'être là, de jouer ensemble ; ça se voit et surtout ça s'entend. Tout glisse pour eux, ils sont rodés et en parfaite cohésion. Ils ont la fougue de leur jeune âge. Max livre des riffs cinglants, Daniel joue pied au plancher tandis que la bassiste Mariko reste imperturbable, le regard caché derrière sa frange trop longue.
Ils jouent à peine une heure mais dès les premières minutes, ils donnent tout ; ils alternent, tout comme sur leur premier album éponyme, les titres rock et les ballades. Ils ont l'air de s'amuser comme des gamins. Certes, les influences de Lou Barlow et ses dinosaures se ressentent, mais c'est plus une atmosphère commune qu'un plagiat auquel on assiste.

Ils terminent leur set sur Rubber qu'ils disent n'avoir encore jamais joué auparavant avec Mauro Remiddi en renfort à la guitare : un morceau lent mais noisy, très shoegaze et extrêmement différent de leurs ballades habituelles ; on se dit alors que leurs titres plus calmes, à l'avenir, devraient creuser dans cette direction autrement plus intéressante. Une chose est sûre : ce soir, Yuck nous aura complètement convaincus.