Double affiche écossaise en ce jeudi 17 mars 2011 dans la superbe salle du Trianon : tandis que Mogwai effectuent leur retour dans la capitale à l'occasion de la sortie de
Hardcore Will Never Die, But You Will, RM Hubbert, récemment signé par Chemikal Underground, se produit pour la première fois dans la capitale.
Invité en tant que première partie officielle de la tournée européenne de ses illustres ainés,
RM Hubbert est ainsi appelé à monter sur scène dès 19h40, et ce alors que la salle est encore désespérément vide. En effet, si les premiers rangs des deux balcons que compte le théâtre ont été pris d'assaut, il n'en est pas de même pour une fosse comptant tout au plus une cinquantaine de têtes.
Au centre de la scène, une simple chaise placée face à un micro. En toute discrétion,
RM Hubbert apparaît sans mot dire et prend place, guitare sèche à la main, face à un public quelque peu incrédule en découvrant le bonhomme. Point d'effets superflus, samples ou boîte à rythme, le musicien gratte ses cordes avec plus ou moins de véhémence d'un titre à l'autre tout en tapotant en rythme son instrument en guise de percussions. Si les sonorités proposées tranchent nettement avec le torrent de décibels attendu plus tard dans la soirée et qu'un certain ennui est ressenti ponctuellement, le guitariste s'attire progressivement la sympathie d'une salle toujours prompte à saluer chacune de ses compositions par des applaudissements nourris.
A mi-concert, le musicien semble plus enclin à se confier au public, expliquant en quoi l'écriture l'a sorti d'une grave dépression nerveuse à la suite du décès de ses parents. Si la prestation prend des faux airs de thérapie de groupe, les derniers titres joués poursuivent dans la lignée des précédents, ne sortant jamais du domaine acoustique et d'une certaine apathie. Une entrée en matière dont on retiendra au final plus une personnalité atypique et attachante qu'un univers artistique manquant souvent de relief.

La demi-heure qui s'en suit voit la salle du Trianon copieusement se remplir et c'est avec une certaine surprise que les cinq musiciens, accompagnés par Luke Sutherland au violon, font leur apparition dès 20h40 alors que le flux de spectateurs ne faiblit pas. D'emblée,
White Noise donne le ton d'une soirée que la formation de Glasgow a choisi de principalement consacrer à son dernier opus. Passé un accueil enthousiaste pour ce morceau, la machine se met en marche réellement avec le gargantuesque
Rano Pano avant que Barry Burns ne délaisse ses claviers pour prendre place au micro sur le toujours entrainant
Travel Is Dangerous. En fond de scène, un écran suspendu diffuse ponctuellement des images urbaines, de verts pâturages ou de montages de diverses figures géométriques en mouvement, apportant un surplus d'animation à une scène parfois trop statique. Malgré cela, à aucun moment un quelconque ennui se ne fait sentir, et l'acoustique parfaite du lieu renforce encore la parfaite maîtrise technique des musiciens, Stuart Braithwaite en tête, après des années de rodage.
Les temps forts du set restent sans surprise les titres plus anciens de leur répertoire, à commencer par le somptueux
Xmas Steps dont la première moitié, toute en retenue et portée par un violon délicat, est jouée dans un silence de cathédrale. On pourrait également citer
I Know You Are But What Am I? ou le puissant
Helicon 1 durant lequel Luke Sutherland prend place à la guitare, mais aussi
San Pedro ou
You're Lional Richie proposé en clôture des soixante-quinze premières minutes du set. Impériaux jusque là, Mogwai vont malgré tout offrir un rappel en deçà des espérances, avec un décevant
George Square Thatcher Death Party et un
Auto-Rock classique, même si
Mexican Grand Prix et ses sonorités krautrock offrent au quintet une sortie sous une ovation méritée à la vue de l'ensemble du spectacle fourni ce soir.

Si certains épilogueront longtemps encore sur l'absence de certains titres, il ne fait aucun doute que les écossais, maître incontestés du post-rock à l'heure actuelle, sont aujourd'hui au sommet de leur art. Plus encore sur scène que sur disque,
Hardcore Will Never Die, But You Will ne dépareille en aucun cas au sein de la discographie de Mogwai.