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Kill The Young

Paris, Maroquinerie - 23 mars 2011

Live-report par Julien Soullière

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Il est à peine 20h. Le public patiente gentiment, tout réparti qu’il est sur ces trois rangées de marches qui, accolées au devant de la scène, fixent les limites de la minuscule fosse dont se dote la salle. De part et d’autres, ça discute. De tout, et plus logiquement de rien. Ça parle de sa journée de boulot, la plus horrible jamais vécue d’autant qu’on s’en souvienne, du programme dithyrambique qui va égayer son week-end, du morceau qu’on espère entendre ce soir, et même des espérances que l’on s’amuse à placer dans le nouvel album du groupe tête d’affiche.

Derrière la console aussi, ça discute sévère. De vraies pipelettes. Ils tuent le temps, les mecs, vu qu’ils n’ont plus grand-chose à faire depuis plusieurs minutes déjà. Et ils se racontent tellement de choses qu’ils n'aperçoivent même pas, pendant un temps du moins, cette lumière blanche et aveuglante qui leur parvient du plus profond de la scène. Celle-là même qui annonce qu’il est temps pour eux de reprendre le boulot. Et fissa.

Ça y est, les hostilités commencent. Entrent ainsi sur scène The Rambling Wheels, ou la parfaite formation électro-rock : une guitare, une basse, une batterie et un clavier. Tout est là, rien n’est en trop. Petit détail amusant: ils sont Suisses. Rien de banal là-dedans. Dans le genre, on croise plus régulièrement des Belges. Bref, ces gars, en tout cas, ils jouent de leur nationalité (au passage, leur prononciation du mot « concert » est assez savoureuse) et sont menés tambour battant par un couple guitare-voix joliment charismatique. Le bassiste se démène tellement qu’il en arriverait à surprendre le vide lui-même à force de vivacité.
Musicalement, les helvètes nous proposent donc de l’électro-rock. Plus électro à certains moments qu’à d’autres, certes (le clavier se faisant notamment moins timide sur Dance With You ou Ready Or Not?), mais globalement, c’est le rock qui en sort grand vainqueur. Et ce rock, il est parfois à nette tendance psychédélique, en attestent des morceaux comme Real Life.
Du côté de l’assistance, ça à l’air d’apprécier, et ce même si le public ne bouge pas autant que le groupe l’aurait souhaité. Qu’importe, tout le monde semble s'amuser, le groupe s’avouant même heureux d’avoir pu jouer à Paris, ici, à la Maroquinerie. Rien de mieux que de se quitter bons amis.

The Rambling Wheels s’en vont, et le public revêtit une fois encore sa patience légendaire. A bien y regarder, on est quand même loin de l’affluence des grands soirs. Visiblement, les Kill The Young ont réussi à se faire oublier. Charge à eux, donc, de montrer à celles et ceux présents ce soir qu’il faudra bien compter avec les frères Gorman en 2011. Histoire qu’ensuite, la magie du bouche-à-oreilles puisse opérer.
Problème, le début de set ne rassure personne. Avant l’arrivée des frangins sur scène (et même un peu après), il faut se coltiner une série d’incantations communistes et le jeu de lumières (rouges, évidemment) qui va avec. Rigolo, car inattendu, mais surtout de mauvais goût. Et puis, il faut se réhabituer à la voix formidablement nasillarde de l’ami Tom, ce qui demande, à dire vrai, quelques minutes d’efforts et un soupçon d’abnégation. Le plus grave là-dedans reste que les compositions elles-mêmes ont toutes les peines du monde à convaincre : on verra bien ce que vaudront One And Only et Goodbye Chris (I Found A Cure For The Broken Hearted) sur Thicker Than Water, mais ce soir, leurs versions live laissent songeur.

Heureusement, No Problems, l’inévitable We Are The Birds And The Bees, et le brûlot Skin And Bones viennent bientôt se rappeler aux bons souvenirs du public. Fougue, justesse mélodique et refrains fédérateurs sont à nouveau de la partie. Le public exulte. Les mains s’entrechoquent de plus belle, les corps également. Tom Gorman, jusqu’à là bien silencieux, semblent se rappeler qu’il a un public face à lui, et commence tout doucement à s’ouvrir. C’est un fait, il n’y a pas que les « cheers » dans la vie.
Comme souvent dans pareilles conditions, les nouveaux titres paraissent bien anecdotiques comparés aux plus anciens (ils ne sont pas connus de la majorité, eux). Il n’empêche que le nouveau single, Darwin Smiles, fait son petit effet. Ce titre est surtout l’occasion pour le groupe d’interpeller son public, et de lui proposer de sortir sans plus tarder téléphones et appareils photos. L’idée : qu’un maximum de personnes s’attelle à filmer le groupe. Les vidéos ainsi réalisées pourront ensuite être uploadées sur Internet et les meilleures d’entre elles seront sélectionnées dans le but de confectionner un futur vidéo clip. Le concept séduit, l’assistance participe.

Quelques soixante minutes plus tard, les lumières se rallument, et le public laisse derrière lui une salle déserte. Ce soir, les Kill The Young ont fait le boulot, et le public a répondu présent. Il faudra maintenant attendre la sortie de leur nouveau disque pour voir si les liens (plus épais que l’eau à ce qu’il paraît) qui unissent les frangins Gorman sont aussi forts que ceux qui les unissent à leur public.
setlist
    One And Only
    Goodbye Chris (I Found A Cure For The Broken Hearted)
    No Problems
    We Are The Birds And The Bees
    You, Me And God
    Skin And Bones
    You've Got To Promise Me
    Darwin Smiles
    I Don't Want To Fight With You Anymore
    Follow Follow
    Is It Any Wonder
    When The Sun Dies
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    Origin Of Illness
    Spinning
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