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Kill The Young

Interview publiée par jOe le 9 octobre 2007

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Nous sommes en jullet 2007, ça y est, c'est l'été même si on ne s'y croirait pas. Quelques semaines avant un concert français en demi-teinte et un album tout à fait recommandable sorti il y a tout juste une semaine, les chaleureux membres de l'entreprise familiale Gorman, Kill The Young, nous recevaient dans les locaux de Discograph pour nous parler un peu de l'actualité de leur groupe et de leur vie à travers l'art. Des musiciens enthousiasmés et enthousiasmants. Sur le moment, largement de quoi oublier un peu la pluie...

Votre nouveau single, We Are The Birds, donne la tonalité de votre album à venir. Vous semblez vous orienter vers un rock plus Old School, très 70's. Etait-ce intentionnel ?

Tom : Tout d'abord merci, on prend ça comme un compliment. On voulait plutôt enregistrer un album qui mélange toutes les choses qu'on avait envie d'y mettre. Une sorte de Joy Division rencontre Nirvana si tu veux mais en plus dansant. Pas de manière syncopée mais sur lesquels tu aimes battre la rythme et éventuellement bouger un peu. Il y a beaucoup de vibrations différentes sur cet album mais elles vont toutes plutôt dans ce sens là.

Qu'est-ce qui rend, pour vous, cet album différent du premier ?

Tom : Ah, on est de bien meilleurs musiciens ! [rires]
Dylan : Oui, la tournée de l'an dernier nous a beaucoup aidé à nous améliorer. Pour l'écriture aussi d'ailleurs.
Tom : Oui. Au niveau de la structure on essaye de changer un peu les choses. On tente de ne pas tomber dans la routine couplet/refrain/couplet. C'est un peu plus expérimental. On s'est aussi attaqué aux balades. Sur le premier album on s'est échinés à écrire des chansons pop de trois minutes tandis que sur celui-ci on a voulu partir vers des choses plus progressives, chose que nous n'aurions de toutes façons pas pu faire au niveau que nous avions avant.
Dylan : Finalement c'est assez simple, notre premier album durait environ trente quatre minutes. Proud Sponsors Of Boredom fait pas loin d'une heure.

Vous avez enregistré votre premier album en un temps record. En a-t-il été d même pour celui-ci ?

Tom : Oh non ! Ce coup-ci on a fait deux semaines et demi de démo. Environs trois ou quatre semaines d'enregistrement et en ce moment l'album est en mixage (ndrl : nous sommes en juillet).
Olly : C'est tout de même assez court parce qu'on avait la volonté de ne pas trop d'attarder non plus mais on a tout de même eu plus de confort au niveau du temps. On a pas tout enregistré en même temps.
Tom : Non, on a enregistré la batterie à part, avant tout le reste pour avoir la base rythmique. Il ne restait plus après qu'à poser nos parties. En fait c'est parce qu'on n'est pas de très bons musiciens et que Olly est très bon batteur. [rires]
Dylan : Sérieusement c'est une technique qu'emploient les Queens Of The Stone Age, je crois. Ils font toutes la batteries avant et ça donne l'impulsion pour enregistrer tout le reste ensuite. C'est galvanisant.

C'est le second disque d'un groupe attendu au tournant. Comment gérez-vous la pression ?

Tom : On n'en a pas trop ressenti finalement car on voyait plus notre premier album comme une introduction à notre univers. C'est plus « voilà qui on est à ce moment précis ». Et là on se sent vraiment dans la position d'un groupe qui sort son premier album.
Dylan : On est totalement confiants dans le fait que cet album est bien supérieur au premier.
Tom : Au Label, eux il ont dû ressentir un peu de pression mais il ne nous l'ont pas mise sur le dos. Il ont fait leur boulot très bien et nous on a fait le notre.
Dylan : Oui ils nous on fait confiance. On a définitivement eu plus de contrôle sur cet album, on assume tout ce qu'on a mis dedans. On est très excité à l'idée de sortir le disque, même si ça fait un flop, ce qui n'arrivera pas (rires), on a hâte que les gens puissent l'écouter parce qu'on en est fiers.

Vous avez de nouveau travaillé avec Dimitri Tokovoï pour la production de ce nouvel album ?

Tom : Oui il fait tout le mixage et il a été présent en studio. Et notre ingénieur du son a également beaucoup travaillé avec nous pendant l'enregistrement.
Olly : Mais c'était tout de même différent avec Dimitri cette fois-ci. On avait plus notre mot à dire. Si on était pas d'accord on le disait et on en discutait.
Dylan : Oui parce que tu t'imagine bien que sur le premier album on était plus naïfs, on jouissait de ce qui nous arrivait et donc on faisait un peu toujours ce qu'on nous demandait sans remettre les choses en question.
Tom : Mais de toutes manière c'est super de travailler avec lui.
Olly : Oui, c'est vraiment un type très sympa. Bon, pas de bol il est supporteur de l'équipe d'Arsenal mais personne n'est parfait ! [rires]

Qui sont ces Proud Sponsors Of Boredom (Fiers représentants de l'ennui)?

Dylan : Nous ! [rires]
Tom : Ca peut être une infinité de choses. Toutes ces marques, ces chaînes, tous ces soi-disant repères qui sont finalement des doctrines qu'on t'incite à suivre pour te sentir mieux alors que c'est tout le contraire.
Dylan : Tu ne peux pas y échapper à tous ces trucs. Pas mal de nos chansons parlent de l'ennui qu'on peut ressentir en ville à notre âge. C'est assez en rapport avec notre nom en fait, on pourrait dire Proud Sponsors Of Boredom Kill The Young, ça a un sens.
Olly : On avait des noms précis en têtes mais on ne veut pas mettre de noms de marques dans nos chansons !

Vos inspirations n'ont donc pas trop changé depuis le premier album ?

Tom : Elle ont pris en perspective. Avant on parlait de l'ennui qu'on peut ressentir lorsqu'on est coincé quelque part. Des douleurs qu'il engendre et de la frustration qui en découle. Et puis on est parti en tournée et on a trouvé d'autres résonances à ces thèmes. Ils se sont élargis.
Dylan: Oui, on a fini par écrire sur le mal du pays et le fait qu'être chez toi ça peut aussi te manquer. Et puis là on est de retour chez nous depuis trois semaines et on en peut déjà plus on veut repartir.
Tom : Tu sais c'est toujours ce même problème, quand il pleut tu veux le soleil. Et puis finalement quand tu as le soleil t'as trop chaud et tu voudrais un peu de pluie.

Kill The Young fait parti de ces groupes qui on plus de succès en France qu'en Angleterre. Comment expliquez-vous ça ?

Tom : C'est en grande grâce à notre Label français, Discograph, qui fait du très bon boulot. Grâce à eu on nous connaissait ici avant même qu'on y pose les pieds.
Dylan : Et puis c'est vrai quand les groupes disent que les gens ici ont une approche différente de la musique, on le sent bien. En Angleterre on n'a pas vraiment eu de sortie digne de ce nom pour le moment. Ca devrait changer avec le nouvel album. Jusqu'à présent on n’avait pas trouvé le bon Label avec qui travailler. Mais c'est assez difficile à expliquer. Certains groupes sont plus européens. On ne se sent pas vraiment l'âme d'un groupe labellisé « England ». On n'a pas vraiment de paroles à propos de la société anglaise comme les Arctic Monkeys. C'est le rock qui marche chez nous.
Olly : Un groupe comme Muse était énorme en Italie bien avant l'Angleterre. Placebo chez vous on eu le même parcours. On ne sait pas trop pourquoi mais je pense que c'est d'une part une question de Label et d'autre part une question d'identité dans ton discours.

Une part de votre réputation est due à vos incessantes tournées. Vous pensez aux vacances parfois ?

Tom : C'est notre boulot mais c'est tellement fun...
Dylan : Même quand on n'est pas en studio ou sur scène on traîne dans des lieux en rapport avec l'art. Et puis on va bientôt jouer dans un festival sur l'Ile de la Réunion (au festival C'est Ca Ki Faut) ! On a trois jours de repos là-bas avant de jouer donc ça sera nos vacances.

Vous avez tout de même joué déjà plus de quatre cent dates. Vous vous rendez compte que c'est énorme pour un groupe de trois ans d'âge ?

Dylan : On a même joué plus que ça si tu comptes nos concerts locaux dans les clubs pour se faire repérer à nos débuts. On a bien dû jouer plus de Cinq cent concerts en fin de compte.
Tom : Oui, c'est du gros boulot et c'est rare pour un groupe aussi jeune. On joue énormément. Le mois dernier on a fait 26 dates en un mois. Après ça je peux te dire qu'on était morts.
Olly : Mais ça vaut le coup, mec, ça vaut le coup. On préfère se tuer à jouer tout le temps que de rester assis dans le salon à manger du MacDonald devant la télé.

Certain vous voient plus comme un groupe de scène qu'un groupe de studio...

Tom : Eh bien après l'écoute du premier album je ne les blâmerai sûrement pas mais je pense que l'opinion des gens risque de changer après la sortie de notre nouveau disque. Maintenant on a un bagage studio derrière nous et je pense que ça va peser dans la balance. Le son et les compositions du nouvel album n'ont pas forcément été calibrés pour la scène. On a évidemment essayé d'écrire des morceaux qu'on s'éclate à jouer live mais on a aussi pas mal revu nos exigences à la hausse au niveau de la qualité des compositions et de la production. Je le pense vraiment.

Lors de la sortie de sa sortie, votre premier album a été tout de suite associé à la vague du retour au rock du début des années 2000. Que pensez vous de ça quand vous regardez en arrière ?

Tom : Je n'ai pas vraiment d'opinion là dessus. Je veux dire, les médias ont leur propre vision des choses mais j'ai essayé de rester assez extérieur à tout ça. On n’a pas voulu vraiment se fier à la façon dont les médias souhaitaient que les gens appréhendent la musique. Tout ce qu'on fait là : écrire de la musique, la jouer, en parler avec toi, tout ça on le fait parce que les gens écoutent ce qu'on fait. On ne veut pas se dire que c'est uniquement parce que tel ou tel magazine a fait un papier sur le retour au rock en nous incluant dedans que les gens on écouté Kill The Young. C'est censé ce que je dis là ? [rires]

Vous n'avez jamais fait de secret sur vos références...

Dylan : Si, si, on est complètement originaux. Personne n'a jamais fait ce qu'on fait auparavant. [rires]
Olly : Ouais, on écoute rien nous. On est vierges de toute influence ! [rires]

Non je dis ça parce que certains groupes n'aiment pas trop en parler…

Tom : Et je ne comprends pas pourquoi. Les Smashing Pumpkins, Joy Division, Nirvana etc. On assume toutes nos influences et ça ne nous dérange pas d'en parler.

Ce ne sont pas des groupes très récents. Vous écoutez quoi en ce moment ?

Dylan: Oh on écoute encore beaucoup de vieux trucs en fait.
Tom : Mais on est quand même tous tombés d'accord sur le dernier Arctic Monkeys. Autant on n’était pas vraiment fans du premier album, autant le nouveau est très réussi. Le nouveau Modest Mouse est très cool aussi, avec Johnny Marr, l'ancien guitariste des Smiths sur plusieurs morceaux.
Olly : Le dernier Bright Eyes aussi est magnifique.
Dylan : Le chanteur est un génie. Je passe mon temps à regarder des vidéos de lui sur Youtube. En fait quand j'y repense quand on ne tourne pas on passe pas mal de temps à mater des vidéos débiles sur Youtube.

Prêtez-vous beaucoup attention à l'art qui vous entoure si on fait exception de la musique ?

Olly: Ce serait difficile de ne pas y prêter attention. Je vais au cinéma le plus souvent possible.
Dylan : En fait moi j'ai fait une école d'arts avant que Kill The Young ne soit signé. Je peins souvent et je suis très attentif à l'art classique et contemporain.
Tom : Moi (et je considère que c'est un art!) je suis très fan de comic books. Surtout les Marvel. Je ne suis pas trop les séries DC comics mais je suis un mec 100% Marvel.
Olly : Et puis il y a le foot, mec. Et ça c'est de l'art. On est vraiment passionnés de football. On essaye de se débrouiller pour aller voir des matchs dès que possible.
Tom : Peut-être qu'inconsciemment le football nous inspire. On va essayer de ne pas faire comme Kasabian et écrire plein de chansons sur le foot ! [rires]

Bon, revenons aux choses sérieuses : dans les 4 mois qui viennent s'annoncent pas moins de vingt quatre dates françaises. Que ressentez-vous de spécial quand vous jouez en France ?

Dylan : On parle des filles, là ou du public en général ? Non, sérieusement, pendant la dernière tournée française on est beaucoup sortis juste après les concerts pour rencontrer les gens, discuter. On ne peut pas trop le faire en festival mais pour nos propres concerts on aime faire ça parce qu'ici les gens sont moins blasés qu'en Angleterre. On a eu des discutions très intéressantes avec des fans français. Et puis on essaye d'être aussi loyal envers les fans français qu'ils le sont envers nous. Après tous on sait que vous êtes le socle de notre base de fans. On aime venir ici, ça risque de se reproduire souvent.