Vessels

Dire que la scène de Leeds est prolifique est un joli pléonasme; affirmer que quantité n’est pas nécessairement synonyme de qualité, ça, c’est un lieu commun. Une fois que l’on a dit ça, on peut se pencher sur le cas Vessels : si la musique d’influence post-rock proposée par le quintet sur White Fields And Open Devices n’était pas exempte de défauts, elle n’en demeurait pas moins suffisamment bien troussée pour satisfaire les amateurs du genre. Parmi tous les groupes en provenance de la ville anglaise précédemment citée, Vessels se plaçait donc dans le haut du panier, et on attendait alors de la formation qu’elle transforme l’essai.

Au final, ce single nous délivre un avant-goût assez savoureux de ce que sera le prochain album du groupe. Meatman, Piano Tuner, Prostitute (auquel participe Stuart Warwick, ex-Jacob’s Stories), est ainsi un véritable appel au voyage des sens. Construit en trois temps, le morceau débute dans une atmosphère langoureuse et hypnotique, qui n’est d'ailleurs pas sans rappeler un bon vieux Radiohead, pour mieux se conclure dans son dernier tiers par la force des éléments sonores. Certes, le schéma post-rock classique, montée en puissance progressive/explosion finale, n’est pas remis en question, mais le titre n’en reste pas moins prenant et efficace.
On passe évidemment sur l’inutile version « radio » qui fait office de deuxième piste, et on change d’ambiance avec l’instrumental Ornafives, qui nous rappelle les efforts déjà déployés dans le passé par les gars de Vessels pour amener un soupçon de diversité dans leur musique. Plus énergique, plus nerveux aussi, que le titre phare, ce long morceau fait la part belle à une batterie puissante et à des guitares définitivement passées en mode math-rock. Une fois encore, certains auront l’impression d’avoir déjà écouté la chose mille fois, mais avec du recul, difficile de ne pas admettre que le tout est parfaitement exécuté et sacrément accrocheur.

Avec ce nouveau single, Vessels montre donc qu’il est un groupe à suivre, peut-être pas des deux yeux grands ouverts, mais au moins du coin d’un œil. Juste histoire de ne pas être trop surpris le jour où, allez savoir, ils nous sortiraient un chef d’œuvre.