Echo Lake

En musique aussi, la mauvaise foi sait se faire salvatrice : rien de plus jouissif que de s’acharner, à coups d’arguments fallacieux et de contre-vérités douteuses, sur un disque que la majorité a encensé, et ce même si, en son for intérieur, on sait que la chose a pris grand soin de nos oreilles. Dans certains cas pourtant, le mensonge se révèle inutile. Peu importe la pluie d’éloges qui s’est abattue sur l’artiste X ou Y considéré, le fait est que, non, le disque que l’on tient dans les mains ne nous a pas emballés. Alors oui, il y en aura toujours pour dire que c’est parce qu’on n’y connaît rien, et que dans le genre, c’est plutôt génial. Quelque chose comme ça. Soit, mais en l’état, on est honnête dans ce qu’on avance, et on aimerait bien donner notre avis.

Premier EP d'Echo Lake, Young Silence a visiblement conquis son monde. Pitchfork, The Fader, Gorilla VS Bear... beaucoup semblent en effet avoir succombé au(x) charme(s) de la dream-pop cousue main par la formation anglaise. Soit, mais nous, on a bien du mal à comprendre pourquoi.
Il faut dire que, pris dans son ensemble, cet EP sonne comme désespérément brouillon : à force de superposition de voix (qui n’ont d’ailleurs pas pour but de se démarquer du reste; la musique d'Echo Lake formant un tout, chaque terme chanté n’est donc pas nécessairement intelligible), d’instruments et d’effets en tout genre, les morceaux composés par le groupe en viennent à manquer de lisibilité et, cela reste un comble quand on joue ce type de musique, de légèreté.
Qui plus est noyées sous un flot incessant de réverbérations (les vocalises féminines et éthérées qui parsèment l’EP en font les frais dès Sunday Evening), les compositions de Young Silence auront donc tôt fait de perdre l’intérêt d’un auditeur qui verra plus cet EP comme une collection de démos que comme un disque digne de ce nom. Une musique complexe et/ou jouée par de bons musiciens n’en est pas pour autant passionnante, surtout lorsqu’elle manque d’un brin d’émotion et de surprises, à l’instar de ce premier essai, trop froid et monotone pour convaincre.

Des groupes, on en suivrait des quintaux si on se bornait à faire confiance à tous les journaux et blogs qui sévissent dans la sphère musicale. Au final, il est certain qu'Echo Lake ne devraient pas mériter plus d’attention que cela : il y a, ailleurs, de jeunes formations tout aussi talentueuses, mais bien plus stimulantes.