MONEY

Des voix fantomatiques aux percées cathédralesques tant leur réverbération les rend magistrales, une recherche sonore autant basée sur divers samples que sur de claires guitares minimales et opportunistes. Les quelques notes qui ouvrent SOLONG (GODISDEAD) nous laissent prédire le meilleur pour l'un des jeunes groupes les plus innovants de la perfide Albion.

Depuis quelques temps, on avait repéré ces mancuniens comme d'étranges architectes, qui, dans leur coin, faisaient évoluer une pop OVNIesque profonde et sincère. Le simpliste et transcendant Goodnight London nous avait fait, au son de sa douce mélodie subtilement pianotée, verser quelques larmes intérieures, et nous avions pu constater l'audace du groupe au travers de WHO'S GOING TO LOVE YOU NOW et de son clip hautement cinématographique tant il décryptait par accumulation d'images télévisuelles la trivialité sociale.

Aujourd'hui de retour avec deux titres une nouvelle fois intrigants, MONEY déploient leur exquise réverb jusqu'à nos tympans en dévoilant de sublimes et audacieuses compositions instaurant un suspense musical surprenant tant leur progression est inattendue et longuement réfléchie.
SOLONG (GODISDEAD) et ses allures de tube lo-fi, entre les vocalises du folk de Fleet Foxes et l'apparition soudaine de sons de guitare clairs et volumineux, prend racine sur un sample distant et répété qui donne au titre une atmosphère à la fois sombre et onirique; tel l'est d'ailleurs son clip qui doit beaucoup aux travaux de David Lynch, s'enraye et progresse à la façon du titre qu'il illustre.
Et que dire du pour le moins littéraire I'll Be The Night qui se bâtit sur le silence et s'y incruste note à note, mots à mots ? Planant à souhait, cet apaisant titre fait doucement sourire tout en laissant son auditeur attentif à sa progression remarquable.

C'est bien là que MONEY excellent. Sorti des schémas habituels des compositions pop, le groupe parvient à élaborer d'élogieux miracles d'une délicatesse sonore longuement réfléchie. Il conte ses recherches sonores telles une histoire véritablement sensible et touchante, aux multiples péripéties dont on aimerait ne jamais émerger. Car le récit, aussi bien écrit qu'il puisse l'être, ne peut que pénétrer son auditeur jusque dans ses profondeurs émotionnelles, sans pour autant l'attrister. C'est dans une joyeuse et maîtrisée mélancolie que progresse ce single fort prometteur. Rarement intimisme et voyage ne se sont aussi bien accordés au sein de simples quelques minutes sonores.

Malgré l'esthétique sombre et triviale que véhicule le groupe au travers de ses visuels et vidéos (Manchester n'y est certainement pas pour rien), on parvient à s'évader pleinement à l'écoute de cette merveille de novation musicale. Remarquables sont ces jeunes gens qui n'ont certainement pas fini de nous surprendre.