Post War Years

Visiblement las d’être aussi peu considérés, Post War Years ont finalement décidé de se retrousser les manches, d’occuper la scène médiatique, franchement, et autant que faire se peut. Voilà pour la stratégie, et du reste, advienne que pourra. Pourquoi penser cela ? Et bien parce que leur Glass House EP n’a à ce jour que trois mois d’existence, trois mois seulement, ce qui n’a pas empêché ses géniteurs de remettre ça dans la joie et la bonne humeur, eux qui sont aujourd’hui parents pour la seconde fois de l'année. Si ça, ça ne sent pas bon le besoin de se faire remarquer...

A la production de The Bell EP, on retrouve donc - surprise - l’ami James Rutledge. Que l’on puisse à nouveau discerner sa jolie houppette rousse derrière la console de mixage, on y voit là tout un symbole. Celui du changement, d’une fin de crise. Non, plus possible de se tromper : c'en est fini de l’anonymat, Post War Years veulent voir le monde en grand, exigent du morceau calibré, à la production ultra-léchée, du genre à faire parler, à révéler un groupe au plus grand nombre. Certains appellent ça du marketing. Seulement voilà, la réalité est toujours plus compliquée qu’il n’y parait, on ne le dira jamais assez (ou bien est-ce le contraire ?). Prenons The Bell, par exemple. Et bien, le morceau a beau sonner fort comme tout, il n’est jamais vulgaire. Mieux, c’est un single électro-pop comme on en fait peu, à l’architecture un brin biscornue et plutôt extravagante (voir notamment les élucubrations vocales du chanteur), qui n’est autre qu’une nouvelle preuve de la spécialité « maison » des londoniens, le mille feuille sonore. Du genre synthétique certes, musique à forte teneur électronique oblige, mais pas dénudé de goût pour autant.
Et cette excitation, qui naît à l’écoute de morceaux aussi amples et techniquement maîtrisés que The Bell, on la ressent à l’écoute de Boing également, titre à la rythmique plus lente, magnifié par son clavier stroboscopique, et la pluie d’effets divers qui s’abat sur lui en permanence. Finalement, c’est donc apaisé qu’on en arrive à Ghosts, qui se dévoile au travers une lente montée en puissance, agrégeant sur son passage les éléments sonores comme les trous noirs dévorent les astres.

La très folk et épurée Pigeon, c'est certain, fait bien pâle figure au regard du reste de l'EP, bien qu'elle puisse se targuer d'être radicalement différente de ce que l'auditeur aura écouté jusqu'à là. Pas grave, le groupe a du talent à revendre, on le sait déjà. Puisse cette chronique les aider à combattre les ombres qui les cachent encore au monde.