Placebo

Les concerts de cet été au Bataclan et à Rock En Seine m'ont presque réconcilié avec Placebo. Cela faisait quelques années que la formation empruntait des chemins de traverse et se perdait dans des compositions lourdes et pataudes. Il était devenu difficile d'apprécier leurs prestations de plus en plus froides et sans âme.

Côté discographie, la déception semble un peu moins au rendez-vous avec ce nouvel EP qu'avec le précédent Battle For The Sun dopé aux hormones. L'ouverture se fait avec le titre éponyme B3, sorte de Special Needs relifté. Le morceau ressemble ainsi fortement à un retour aux origines du groupe en y ajoutant quand même de gros riffs de guitares un peu disgracieux et d'agaçantes poussées de voix de Brian Molko qui rappellent le vieux dicton disant « l'original vaut mieux que la copie ». Dicton vite contredit avec le morceau suivant. La reprise de Minxus, I Want You To Stop, datant de 1994, soit à l'époque où Molko et sa bande débutaient leur carrière, est assez fidèle et bien exécutée. Il faut dire que le groupe pratique ce genre d'exercice depuis ses débuts et y excelle plutôt bien en général. The Pixies, Kate Bush, Archive, Robert Palmer et j'en passe en savent quelque chose. Là encore, Placebo réussissent à s'approprier le titre que l'on pourrait croire dans quelques années comme faisant partie des classiques de leur répertoire.

Le tempo ralentit par la suite avec l'acoustique The Extra. Une guitare sèche, un piano, une boîte à rythmes et la voix posée de Brian qui s'offre quelques instants quasi a capella ainsi que quelques petites montées sont la recette de ce titre interrogatif au refrain qui reste bien en tête. Les guitares rugissantes refont surface sur I Know Where You Live, certainement le meilleur morceau parmi les cinq, lequel laisse des moments de grâce à la batterie, aux guitares, aux voix pour un morceau bien équilibré tout en retenue avant un beau final noisy qui montre que Placebo gagnent à ne pas en faire des tonnes comme sur le précédent long format. Pour terminer, l'épuré Time Is Money s'étend sur plus de sept minutes. Un titre comme pour répondre à leurs détracteurs qui leur reprochaient d'avoir un peu trop durci le ton ces derniers temps mais qui donne très envie de leur dire de se réveiller.

Au final, cet EP offre un éventail assez fidèle (avec du bon et du moins bon) de toutes les périodes du groupe, tel un état des lieux avant un prochain album à paraître début 2013.