Broken Records

L'industrie musicale est un abîme décidément gourmand, et par lequel il n'est pas difficile de se laisser happer. Indétectables depuis leur dernier concert parisien en mai 2011, ceux que l'on pensait fragilisés par les départs d'Arne Kolb et David Fothergill à peine Let Me Come Home sorti nous assuraient finalement de leur retour en fin d'année dernière. Un come-back plaisant, qui émeut autant que de revoir un bon ami trop longtemps parti, et que l'on doit à des fans décidément pugnaces, Toska EP ayant été financé via la plateforme de crowdfunding PledgeMusic.

Broken Records ont deux amours, aussi, comme pour mieux célébrer ce retour sous le feu des projecteurs, Toska EP propose une fois encore de réunir les dits soupirants sous une même étoile. Invité à la fête, on retrouve alors l'amant originel, le passionné, celui pour qui toujours le feu brûlera, et qui ne jure que par le folklore tzigane et la voix papillonnante de Jamie Sutherland. Plus loin, c'est l'autre que l'on croise, galant homme également, volontiers plus moderne, et qui ne peut s'empêcher de laisser s'exprimer son amour démesuré pour la musique pop.
De cet intriguant carambolage culturel nait comme toujours avec Broken Records une musique accessible, à fleur de peau, une cérémonie profondément humaniste et qui, parce que rien n'est trop beau ici-bas, n'a pas peur de sortir cotillons et crinolines lorsque vient le moment de clôturer les festivités: toute une fanfare est, semble-t-il, venue prêter main forte au groupe pour mettre un point d'orgue au sublime Revival.

Tantôt fiévreux, tantôt paisible, parfois gai, et des fois moins, ce nouvel EP est à l'image d'un groupe perdu de vu, aujourd'hui retrouvé, et guidé par un optimisme qui semble en mesure de résister à toutes les épreuves. Il y a de la joie qui émane de cette musique, au moins autant que l'on en éprouve à l'écouter.