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Broken Records

Let Me Come Home

Broken Records - Let Me Come Home
Chronique Album
Date de sortie : 25.10.2010
Label : 4AD
35
Rédigé par Julien Soullière, le 19 octobre 2010
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Il n’aura pas fallu attendre longtemps : une courte année seulement après la sortie de son premier disque, la prometteuse formation écossaise remet déjà le couvert avec Let Me Come Home. La boule au ventre, on espère alors que le groupe mené par les frères Sutherland n’a pas commis la fâcheuse erreur de confondre vitesse et précipitation. Nos craintes les plus solidement ancrées s’effacent pourtant, au bout d’une demi-heure, face à l’heureuse vérité : les Broken Records ont fait leurs devoirs avec la plus belle des applications.

Alors, certes, cette nouvelle livraison perd quelque peu de la spontanéité et de la fraicheur que l’on reconnaissait volontiers à Until The Earth Begins To Part, la faute à un album plus produit que le précédent. De son côté, le précaire équilibre entre sonorités balkaniques et rudiments pop-rock occidentaux, celui-là même qui faisait le sel du premier disque, a une nette tendance à se rompre au profit du classicisme.
A première vue, rien de bien engageant donc, mais tout est toujours histoire de manière, et ces remarques qui paraissent des plus négatives ne le sont pas le moins du monde : bien au contraire d’ailleurs, car c’est justement cette évolution qui permet aux compositions de Broken Records d’atteindre ces sphères que les titres du premier opus ne faisaient bien souvent qu’effleurer, et qui leur confère la force et l’ampleur propices à amener l’auditeur plus loin encore dans l’émotion. Tony Doogan, producteur de Mogwai et de Belle And Sebastian notamment, n’est évidemment pas étranger à cela.

Friands de mélodies virevoltantes et à la limite de la grandiloquence, les écossais persistent et signent ainsi quelques perles, à l’instar de The Motorcycle Boy Reigns, ou de l’introductif A Leaving Song (notez le paradoxe), morceau épique au refrain taillé pour les stades; des titres qui, comme d’autres sur l’album d’ailleurs, nous renvoient sporadiquement à notre époque System Of A Down, que ce soit du fait de l’instrumentation ou des acrobaties vocales de Jamie Sutherland.
Car cette touche orientale, qui sied aussi bien aux Broken Records qu’à leurs aînés californiens, est certes en large retrait sur Let Me Come Home, mais n’en a pas pour autant été sacrifiée: omniprésente au travers du timbre de voix si particulier du chanteur, elle hante en effet, avec plus ou moins de force, la plupart des titres de l’album, le somptueux Ailene en tête.

De jolis moments, tel le frétillant A Darkness Rises Up, Let Me Come Home en compte ainsi beaucoup, mais ce qui restera comme le morceau de bravoure du disque est sans conteste le diptyque Dia Dos Namorados/You Know You’re Not Dead; alors que le premier titre, véritable valse du désespoir, nous gratifie de la voix forte et délicate de Jill O’Sullivan (Sparrow And The Workshop), le second se veut la parfaite représentation de la nouvelle ambition pop du groupe. Aucune réelle faute de goût à déclarer donc ; tout juste les comparses échouent-ils à faire décoller le faiblard I Used To Dream, et à réussir leur sortie, la faute à la bluette Home, trop mineure pour dignement conclure ce joli disque.

Aucune révolution à l’horizon, c’est évident, mais les Broken Records ont néanmoins fait preuve d’une relative ambition avec ce second album, montrant au passage que l’on peut donner une nouvelle dimension à sa musique sans forcément que celle-ci perde de son intérêt, de sa force, voire de son essence; que l’on peut avoir envie de toucher un plus large public sans nécessairement tomber dans la facilité ou la vulgarité. Si l'on voulait tempérer quelque peu notre enthousiasme, on dirait cependant que l’album n’est que très bon, alors que l’on attendait déjà du premier jet des écossais qu’il soit un grand disque. Nous sommes donc loin d’avoir notre compte. Sachons toutefois être patients, car si les choses continuent sur cette lancée, nous pourrions en être grassement récompensés.
tracklisting
    01. A Leaving Song
  • 02. Modern Worksong
  • 03. Dia Dos Namorados!
  • 04. The Motorcycle Boy Reigns
  • 05. A Darkness Rises Up
  • 06. Ailene
  • 07. I Used To Dream
  • 08. You Know You’re Not Dead
  • 09. The Cracks In The Wall
  • 10. Home
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    A Leaving Song, Dia Dos Namorados!, Ailene, You Know You’re Not Dead
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