Låpsley

Holly Fletcher est une étoile montante de la pop indépendante anglaise. Tout est allé très vite pour la jeune femme originaire de Southport. Moins d'un an après son premier EP autoproduit, Låpsley a signé et publié chez XL Recordings l'album Long Way Home en 2016 (et cela a même inspiré Billie Eilish !). La multi-instrumentiste de vingt-trois ans relance la machine avec un nouvel EP, These Elements, annoncé comme très personnel : « Emotional love, physical desire, depression and self-worth. Everything I've gone through in the last four years is in these four songs ». L'imaginative Låpsley met en musique son propre vécu avec quatre tableaux électroniques intimistes, et confirme en même temps sa virtuosité vocale.

Dans ce nouvel EP la production est soignée au détail près. These Elements permet à Låpsley de trouver une direction musicale équilibrée à mi-chemin entre electronica et soul. Ses sources d'inspirations ? Les enivrants Thom Yorke et James Blake. À travers le premier single downtempo My Love Was Like The Rain, la chanteuse évoque une relation amoureuse désintégrée sans pour autant tomber dans le cliché dépressif. Le sentiment d'introspection est omniprésent, mais fort heureusement on peut facilement trouver un contraste avec la chaleur et le grain des synthétiseurs. Les choses s'éclaircissent dans la piste suivante : Eve révèle des arrangements plus épurés et une structure plus classique. On remarque encore une fois la signature sonore si chère à l'anglaise, comme le changement de définition de l'espace-temps, et de l'immense place donnée en priorité à la superposition de voix pitchées ou haut-perchées.

En revanche, ce point fort a moins d'impact dans le second single Ligne 3 qui partage encore une ballade complexée. En effet si l'auteure n'a pas perdu son ingéniosité à donner l'illusion de dialogues, le rythme s'est fissuré en chemin. Pour rattraper les choses, le voyage se termine avec le superbe crescendo Drowning qui alterne un couplet soul et un refrain dynamique. Sans quitter l'idée de perte, la chanteuse se noie elle-même dans ce rêve aquatique laissant rêveur qui que ce soit avec cette double atmosphère.

L'auteure opte pour une musique qui propose bien moins d'ambiances « radio friendly » pour soigner son passé. La britannique Låpsley s'est donnée du temps pour composer cet EP, le signe d'un retour authentique et fidèle à son image si l'on en croit les thèmes abordés.