The Vaccines

Le choix de The Vaccines de sortir un EP de reprises nommé Cosy Karaoke, Vol. 1 EP peut paraître intéressant au premier abord. Avec la fougue qu'on leur connaît et leur passé de gentils bad boys du garage et surf rock, cela aurait pu donner lieu à quelques titres, piqués de-ci de-là dans le vaste répertoire « classique » que proposent leurs ainés, voire leurs contemporains du riff rapide bien senti.

Mais, avec un choix de reprises qui va de Waxahatchee à Kacey Musgrave en passant par Wanda Jackson, qui plus est revisitées à la sauce eléctro groove la plus formolée qui contamine tout le tracklisting, on se demande bien quel peut être le rapport entre cet EP et le cinquième album annoncé ces derniers mois par Justin Young comme étant le plus lourd et le plus brutal de leur carrière ? Aucun, sans doute. Après tout, la liberté artistique... Reste le titre Telstar, toujours intéressant à revisiter, mais qui, malgré une partition indestructible écrite par The Tornados en 1962, parvient à se faire flinguer par Justin Young et Freddy Cowan avec des sonorités électroniques Bontempi qui ne font plus rire personne.
Et le titre No One Knows des Queens Of The Stone Age dont la réinterprétation « intimiste » en quasi pénombre (Justin en fait le minimum, sûrement à dessein) ne peut sauver, à elle seule, cet EP qui sombre corps et âme dans la somnolence.

L'artwork lui même est d'un ennui profond avec sa photo prise de l'intérieur d'une cabine d'avion où le marron/mauve et la pénombre dominent, nous ramenant aux pochettes des plus mauvais albums de bossa nova « pour ascenseur » des années 60/70. Au visionnage des différents vidéo clips qui accompagnent l'album et au travers desquels on imagine que The Vaccines se sont amusés à réaliser des animations d'eux-mêmes, mal détourés volontairement à l'aide de logiciels datés dans un but de décalage total vers le passé (années 80), on se dit que le décalage à bon dos et, sans maîtrise ou ligne artistique propre, il confine à l'écart, voire à la discordance.

Il n'est pas idiot de penser que ce Cosy Karaoke, Vol. 1 EP verra logiquement un second volume lui succéder. Une sorte de deuxième injection, obligatoire donc (ça, c'est fait !). Espérons que, d'ici là, The Vaccines sortiront de leur confinement artistique ragaillardis et que les contre-effets de la première dose auront disparu.