Bleach Lab

Jamais totalement convaincants sur leurs deux premiers EPs publiés l'année passée, A Calm Sense Of Surrounding et Nothing Feels Real, Bleach Lab auront attendu plus de douze mois pour en publier un troisième, If You Only Feel It Once, leur premier depuis une signature encourageante chez Nettwerk. Un laps de temps plutôt long pour une formation en plein développement, mais sans doute nécessaire afin que le quatuor n'affine son écriture et poursuive son évolution.

Si leur son demeure ici terriblement britannique tout en s'éloignant de quelques influences 80s parfois trop encombrantes pour se tourner vers la décennie suivante, Bleach Lab n'en délaissent pas pour autant les atmosphères éthérées et envolées dream pop dans lesquelles leurs compositions baignaient le plus souvent il y a encore une année à peine. Plus moderne dans ses ambiances, pour ne pas dire calibrée désormais pour toucher un grand public amateur d'une pop rock simple d'accès mais efficace, la musique de Bleach Lab semble avoir perdu en singularité ce qu'elle a désormais gagné en efficacité, bien que le groupe semble toujours se refuser, à bon escient, à trop lisser le son de ses nouvelles compositions pour chercher à se frayer une place aux côtés de la concurrence.

Symboles de cette évolution, le basique single Obviously et plus encore le trop formaté I Could Be Your Safe Place, placé en ouverture de l'EP et probablement l'une de leurs compositions les plus rythmées à ce jour. Si le charme et la personnalité semblent ici sacrifiés au profit d'une accessibilité en faisant un candidat certain aux playlists et diffusions sur les ondes FM, le bilan reste au final mitigé. On lui préférera notamment l'entrainant Take It Slow et ses guitares cristallines, ou plus encore Pale Shade Of Blue durant lequel la voix de Jenna Kyle, tout en douceur et en chœurs, fait des merveilles sur un tempo ralenti pour ne pas dire lancinant. Seule véritable surprise de l'EP, If You Only Feel It Once, plus aventureux et étalé sur près de six minutes mêlant guitares et synthés très 80s. Un final en fanfare que l'on aurait aimé voir se perpétuer tout au long de l'écoute.

En dépit de quelques regains d'inspiration notables, notamment sur Pale Shade Of Blue et If You Only Feel It Once, Bleach Lab ne parviennent décidément toujours pas ni à nous décevoir réellement, ni à nous convaincre pleinement de leur potentiel. A suivre au prochain numéro !