SLAP RASH

Il existe une singulière différence entre de la musique de concert et de la musique de studio, et ce d'autant plus lorsque le concert implique une profonde interaction entre les musiciens et leur public, interaction accompagnée d'éventuels mouvements de foule. Ainsi, on a tous en nous un fantastique groupe de live dont on n'écoute jamais les chansons une fois sorti de la salle, mais dont on ne manquerait pour rien au monde un nouveau passage en ville. Une phrase qui, et vous allez me détester pour ça, me fait personnellement penser à IDLES, mais une phrase qui pourrait aussi très bien s'appliquer à SLAP RASH, découverte du début d'année dont le concert en duo punk avait retourné le Supersonic lors d'une froide soirée They're Gonna Be Big. Un report comme d'habitude tapé en pleine nuit plus tard, on avait rangé les quelques chansons studio de SLAP RASH dans un tiroir devenu bien poussiéreux, et ce jusqu'à l'annonce d'un premier EP à venir pour Halloween suivi d'une tournée en support des francophones mancuniens de Mandy, Indiana.

Si vous suivez avec diligence les scouting reports de Sound of Violence, vous savez ce qu'on pense du noise-punk sans queue ni tête de Mandy, Indiana. Une tendance à l'inconsistance et à l'incompréhension qui semble être, à l'écoute de ce premier EP du duo formé par Amelia et Huw Lloyd, la marque de fabrique de cette nouvelle vague noise-punk venue de Manchester.
Amelia la chanteuse-batteuse, Huw le bassiste saturé, et quatre chansons qui pourraient autant en être une seule que dix, tant les structures fondent comme neige grise au soleil : pas de couplets, pas de refrains, des montées qui ne débouchent sur rien, des accélérations impromptues et imprévisibles, et une dynamique d'ensemble qui, si elle rend à merveille dans des concerts nerveux et furieux destinés à vous vider la tête, nous donne au casque le sentiment de courir les couloirs d'une maison sans toit ni loi, pleine de portes ouvrant sur des murs et d'escaliers en trompe-l'œil dont personne ne comprend s'ils montent ou s'ils descendent.

Ainsi, on descend en haut et on monte en bas en suivant les bondissements distordus, les murmures dérangés, les hurlements rageux, comme un escape game musical menant à la délivrance nommée This Note Is Useless. Une note de fin de page pas si inutile que ça qui replace une colonne vertébrale dans l'imbroglio général via un riff de basse joué plus ou moins fort, plus ou moins entier, plus ou moins saturé derrière les divagations vocales d'Amelia, et quatre minutes de bruit amenant à un véritable climax final qui nous laisse sur un avis compliqué à prononcer.

SLAP RASH, un duo phénomène en live dont les productions studio tiennent pour l'instant plus du fouillis noise-punk que d'autre chose, mais attention à un éventuel alignement des planètes, parce qu'à expérimenter autant tant dans la forme que dans le fond, la possibilité est bien réelle de voir le groupe exploser son plafond et pourquoi pas, qui sait, un jour renouveler son genre.