Little Man Tate

Dans la famille «rock énervé passéiste vaguement protestataire», je demande le petit-fils banlieusard et je reçois le tout premier single de Little Man Tate, jeune formation des environs de Sheffield. Remarqué depuis quelques mois pour ses prestations scéniques énergiques et bénéficiant désormais de la promotion des émissions de radio anglaises qui font la pluie et le beau temps dans le domaine de la découverte de nouveaux talents, Little Man Tate se devait de passer rapidement à l’étape suivante. Celle du pressage de son premier disque, avant qu’il ne soit trop tard et que le soufflet ne retombe.

La face a, The Agent, dont on veut bien croire qu’elle est d’une efficacité redoutable en concert, réunit donc tous les ingrédients de la musique du grand-père, j’ai nommé The Clash, sans que rien de neuf ni d’original ne soit véritablement proposé. Ayant pris le parti d’utiliser strictement les instruments de base de la formation rock classique, histoire d’aller à l’essentiel, Little Man Tate nage presque à contre-courant sur le même radeau que Dogs et consorts. Ici, on assiste à l’épuration musicale : exit les synthés encombrants et les circonvolutions expérimentales, place au rock’n’roll revival.

Moins agressif que Dogs et plus jubilatoire que The Rifles, The Agent fait référence au Psycho Killer des Talking Heads, la production limpide en plus. Si ce premier morceau est réussi, la face b, Just Can’t Take It, vire rapidement de bord pour se teinter du rockabilly des Stray Cats, avant de sombrer dans la country. Par bonheur, le refrain sauve la chanson de la noyade.

Un esprit rock dans un corps pop, voici une formule qui peut résumer la musique de Little Man Tate, lequel fait la démonstration qu’il n’est nul besoin d’être originaire de Leeds pour faire parler de soi en ce moment et être encensé par la critique. Même si le groupe a pris un bon départ avec The Agent, la route est encore longue et l’océan rempli de requins, avant que le petit homme devienne grand.