¡Forward, Russia!

Il est des groupes qui créent la sensation d’un été au royaume volage du rock britannique et qui s’endorment aussitôt sur leurs lauriers pour se réveiller trop tard alors que la mode a déjà sauté sur un autre âne et s’est entichée d’une nouvelle formation qui se trouvait, elle aussi, au bon endroit au bon moment. Il en est d’autres, à l’image de ¡Forward, Russia!, qui foisonnent d’idées nouvelles et qui, non contentes d’avoir rafraîchi le genre en proposant un son novateur, pétillant d’électronique et d’électricité, depuis moins de deux ans, ainsi que de faire découvrir de nouveaux talents par le biais de leur label très actif et entreprenant, se renouvellent en se remettant sans cesse en question.

Ainsi, à peine son premier brillantissime album digéré, le groupe jette aux orties les deux concepts qui définissaient sa musique pour mieux renaître de ses cendres. En effet, Don’t Be A Doctor marque, non seulement un tournant dans l’une des caractéristiques principales de la formation, à savoir le fait que les chansons portent un numéro en guise de titre, mais encore, plus profondément, dans la musique en soi. Du rock dense et étouffant qui fit notre plus grand bonheur sur le premier opus du groupe, on passe à une approche mélodique tout aussi palpitante qui, si elle conserve la notion d’urgence, se veut plus progressive avec un titre (joué depuis de nombreux mois en concert et apparemment plébiscité par les fans) de plus de sept minutes, se décomposant en plusieurs mouvements. Si tous les ingrédients qui font le succès et l’originalité de Forward Russia sont toujours présents, électro-punk débridé, quasi improvisation, le groupe dépasse la recette de base en ajoutant une dimension symphonique à sa musique.

Plus que jamais fer de lance d’une région et d’une génération qui prend résolument les choses en main et qui est porteuse d’un message, ¡Forward, Russia! poursuit son ascension vertigineuse et légitime, n’ayant de cesse d’innover sans pour autant jamais jouer à l’apprenti sorcier. Dernière preuve de la volonté du groupe et du label Dance To The Radio de se distinguer de leurs congénères, le format exclusif sur lequel paraîtra l’unique titre du single, le 10 inches ou le 25 cm, sans nul doute un pied de nez au retour à la mode du 45 tours vinyle qui sévit en Angleterre depuis plusieurs mois.