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¡Forward, Russia!

Interview publiée par Fab le 20 septembre 2006

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Disponible en France depuis ce lundi, l'excellent album Give Me The Wall de ¡Forward, Russia! devrait finalement permettre au combo de Leeds de prendre son envol... en attendant la tournée française du groupe le mois prochain ! L'occasion de s'entretenir sur ces débuts fulgurants avec Whiskas, Tom, Rob et Katie.

Est-ce que vous pouvez tout d'abord me parler un peu de ¡Forward, Russia! ? Quelle est votre histoire ?

Whiskas : J'ai fait partie d'un autre groupe avant de créer ¡Forward, Russia!, tout comme Tom et Rob qui se connaissaient déjà depuis longtemps. Nos deux groupes ont eu l'occasion de jouer lors de la même soirée et c'est ainsi qu'on a discuté ensemble de l'idée de monter quelque chose entre nous. Tom était le chanteur idéal pour ¡Forward, Russia! et Katie nous a rejoint à la batterie après avoir arrêté ses études.

Le nom ¡Forward, Russia!, avec la ponctuation entourant les mots, est assez peu commun, voire surprenant. Qui l'a imaginé ?

Tom : Au moment de choisir un pseudonyme on a écrit une liste avec toutes les idées que nous avions trouvées... la plupart du temps des extraits de phrase ou des expressions un peu bizarres venant d'internet.
Katie : Notre but n'était pas de trouver un nom significatif, il fallait avant tout qu'il sonne bien à nos oreilles. Lors de nos premiers concerts, on n'avait encore rien choisi et les gens nous demandaient sans cesse comment nous suivre si nous n'avions pas de nom !
Whiskas : Depuis quelques temps on commence à se rendre compte que la ponctuation est très importante, surtout à travers le logo qu'on utilise. De plus en plus de gens, et notamment aux Etats-Unis, s'intéressent à ¡Forward, Russia! après avoir été attiré par notre logo et cette ponctuation. C'est un vieil ami à moi qui a eu cette idée lorsque je lui ai demandé de nous créer ce logo, il a ajouté toute la ponctuation et l'idée nous a plu.
Rob : C'est amusant car lors de nos premiers concerts les gens oubliaient systématiquement de mettre la ponctuation, nous n'étions que Forward Russia pour eux. Même lors de notre première venue au Barfly de Londres l'erreur avait été commise.
Katie : Même le NME s'était trompé dans leur premier article sur le groupe !

Votre musique est très variée, avec beaucoup d'influences différentes et une énergie très importante. Quels sont les artistes qui vous ont poussé à battir ce son ?

Rob : Aucun en particulier, mais on a puisé nos idées chez tous les groupes qu'on écoute depuis notre adolescence. Je ne dis pas qu'on veut leur ressembler, mais quand tu es musicien tu ne peux pas nier que tes groupes favoris t'influencent.
Katie : On aime l'idée de réussir un mélange de toutes nos influences tout en apportant une importante touche personnelle. Quand tu écoutes beaucoup de genre musicaux différents, cela te permet d'obtenir une certaine originalité et de te différencier des autres.
Tom : Nos références musicales sont si différentes qu'elles nous apportent une grande variété musicale.

Votre originalité réside également dans le titre de vos chansons qui sont de simples chiffres...

Katie : Contrairement à ce que disent les gens, nos chansons ont des noms : les chiffres qui leur sont associées ! Mais j'avoue que cette idée est surtout une forme de fainéantise ! (rires)
Whiskas : Les gens doivent croire qu'on a développé une passion pour les chiffres à cause de cela. On en a déjà discuté à quelques reprises mais je crois qu'on va vraiment devoir commencer à choisir de vrais titres pour nos chansons !
Katie : Lors de notre premier concert en Allemagne on a chanté les chiffres de Sixteen en allemand, alors je pense que nous allons devoir en faire de même pour la France... Il va falloir que je révise !
Whiskas : En résumé, on est fainéants. On avait beaucoup de chansons et on n'a pas pris le temps de réflêchir à des titres... on les a donc cataloguées par ordre chronologique avec des chiffres. La décision d'arrêter les chiffres après avoir enregistré notre album a depuis été prise, c'est une bonne chose car ne je m'imaginais pas continuer à tout numéroter jusqu'aux centaines !

La transition va être dure !

Whiskas : On y a déjà pensé ! Les Eagles avaient nommé leur chanson Hotel California d'après un véritable hotel qui avait gagné beaucoup d'argent grâce à eux, alors toutes nos futures chansons seront désormais intitulées « Products » afin que nous puissions les vendre plus facilement ! (rires)
Tom : Le jour où on sera mondialement connus, on pourra vendre des grille-pain ¡Forward, Russia!. Les gens adoreront ça.

Toutes vos anciennes démos sont disponibles assez facilement sur internet, comment voyez-vous le fait de donner votre musique gratuitement de cette façon ?

Whiskas : Le téléchargement gratuit est un phénomène difficile à analyser. C'est un formidable outil pour les jeunes groupes car tu peux partager tes chansons, te faire connaître... mais une fois que tu as une maison de disque les choses sont très différentes. J'espère que ceux qui ont téléchargé nos démos à une époque nous respectent assez pour acheter nos disques désormais.
Rob : Tout dépend de la mentalité des gens. Je ne m'en cache pas, je télécharge régulièrement de la musique sur internet, mais surtout par curiosité pour les groupes que je ne connais pas. Je ne suis pas du genre à télécharger cinquante disques toutes les semaines pour les graver ensuite.
Katie : Le téléchargement doit te permettre de découvrir de nouvelles choses, ou d'en faire découvrir aux autres lorsque tu fais partie d'un groupe. A une époque tu oubliais rapidement les nouveautés, mais de nos jours tu peux télécharger les chansons et garder une trace sur ton ordinateur pour réécouter quand bon te semble. C'est un vrai avantage.
Tom : Certaines personnes téléchargent aussi la musique pour la graver et vendre les disques sur Ebay, comme cela nous est arrivé il y a quelques mois.
Whiskas : Je crois aussi que de plus en plus de gens réalisent que les singles ne sont pas suffisants pour se faire une idée précise d'un album, ils en veulent plus avant de décider d'acheter le disque. Ce problème n'existe pas vraiment pour les artistes connus comme Radiohead, mais c'est un paramètre important pour beaucoup de groupes de garage-rock par exemple.
Sans vouloir faire de publicité, je suis un vrai fan du site musical américain Epitonic. C'est une énorme base de données des groupes de rock indépendants où chacun d'entre eux peut faire héberger quelques chansons. Je ne sais pas quels sont les critères de sélection pour les groupes, mais c'est une vraie chance pour les heureux élus de pouvoir y figurer.

Jusqu'à maintenant tous vos disques ont été distribués par votre propre label, Dance To The Radio. Ce n'est pas trop dur de devoir gérer ces deux choses en parallèle ?

Whiskas : Oui et non car je ne m'occupe plus du label à temps plein depuis que le groupe a pris de l'importance. C'était encore le cas il y a quelques mois mais je n'ai plus la possibilité de le faire. Le seul single qu'on a sorti sur un autre label, Drowned In Sound, est Thirteen, et on a pris pris cette décision car ce sont de bons amis à nous. Depuis on n'a travaillé qu'avec Dance To The Radio même si je délègue beaucoup désormais... j'ai trouvé quelques personnes pour gérer le label et il me semble qu'elles s'en sortent vraiment bien.
Je reste quand même le principal décideur des groupes que nous signons, et à ce propos nous allons continuer de travailler avec Yess Boss, The Pigeon Detectives et Shut Your Eyes Or You'll Burst Into Flames. Je pense que nos sorties pour les douze mois à venir sont plus ou moins définies. Si je pars en tournée à travers le monde avec ¡Forward, Russia!, comme on l'espère tous ici, je ne devrais pas avoir trop de travail avec Dance To The Radio.

Comment envisagez-vous le futur ? Est-ce que vos disques continueront de sortir chez Dance To The Radio ou sur un autre label ?

Whiskas : Peut-êre oui, car on a désormais signé d'excellents partenariats dans de nombreux pays. On va travailler avec Mute pour l'Amérique du Nord, Cooperative Music pour la France... ce sont des labels différents mais cela reste tout de même l'œuvre de Dance To The Radio. Cette méthode de travail nous permet de conserver une autonomie totale dans nos choix. Je crois qu'aussi longtemps qu'on pourra continuer à travailler ainsi, on le fera.

Votre premier album, Give Me A Wall, est disponible depuis quelques semaines désormais et la base électronique de votre musique semble de plus en plus importante. Comment en êtes-vous arrivés à ce résultat ?

Katie : Le fait de jouer en live et d'aller en studio pour enregistrer de la musique sont deux choses vraiment différentes. Sur scène tu cherches avant tout à convaincre le public, et c'est grâce à la réaction des gens que tu peux te rendre compte si ta musique est bonne ou non. En studio tu as la possibilité de disséquer et d'analyser tes chansons avec de nombreux outils, d'expérimenter et d'essayer de nouvelles idées.
Rob : Après avoir joué nos chansons en concert durant si longtemps on a trouvé la formule pour les faire évoluer et les améliorer en ajoutant des sonorités électroniques, et je pense que Tom apprécie beaucoup cela.
Whiskas : Le but est aussi d'apporter une profondeur aux chansons. A chacune des écoutes du disque nos fans peuvent ainsi découvrir quelques subtilités et apprécier notre musique différemment. Lorsqu'on a commencé à travailler sur Nineteen en studio on avait l'ambition de créer une chanson détachée de l'aspect « live ».

J'en déduis donc que vous avez commencé à travailler sur de nouvelles idées ?

Tom : On en a beaucoup, mais principalement des extraits de chansons pour le moment. Rien de précis.
Whiskas : Depuis quelques temps on n'a plus de temps libre, entre la sortie de l'album et les tournées à venir ce n'est pas facile de pouvoir prendre le temps d'écrire et d'enregistrer. Il nous arrive parfois de tester quelques idées lors des balances mais cela reste rare.

Dance To The Radio est en quelque sorte devenu le symbole de la scène musicale de Leeds. Est-ce que vous le ressentez également de cette façon ?

Whiskas : Peut-être d'une certaine façon, mais chacun des groupes est différent des autres de par la musique qu'il propose. L'état d'esprit entre tous ces groupes est remarquable, tout le monde s'entraide sans chercher à en tirer un profit personnel. Ce « mouvement » est certainement la raison principale pour laquelle les groupes de Leeds sont tellement appréciés depuis quelques mois. La mentalité des groupes de rock, au Royaume-Uni, a beaucoup évolué et je pense que les gens ont compris qu'entretenir de bonnes relations dans le milieu est une chose importante. Sans cet état d'esprit, les groupes locaux n'auraient jamais obtenu autant de succès ces derniers mois. Je pense par exemple à Redjetson, iLiKETRAiNS ou This Et Al que nous avons rencontré lors de concerts et avec qui nous sommes par la suite partis en tournée. Tout est parti de Leeds, mais cela s'étend au reste du pays désormais.

La dernière compilation sortie par Dance To The Radio il y a quelques mois a connu un grand succès, est-ce qu'une suite est envisagée ? Le réservoir de groupes potentiels semble encore important...

Whiskas : Ca me parait vraiment impossible actuellement, j'ai l'impression qu'on a déjà catalogué tous les groupes de Leeds ! On aimerait sortir une sorte de compilation en début d'année 2007, mais quelque chose de différent... je ne sais pas encore quoi mais on va y réfléchir prochainement. J'aimerais pouvoir impliquer des artistes d'autres labels mais ce n'est pas simple en raison des contrats et des disponibilités de chacun.

La dernière question est pour toi Whiskas : le NME t'avait inclus dans sa Cool List en fin d'année dernière, en es-tu fier ou plutôt irrité ?

Whiskas : Ca ne m'a pas franchement dérangé, mais certains de mes amis n'ont pas manqué l'occasion de se moquer ! Du point de vue du groupe c'est une sorte de reconnaissance et de preuve de notre réussite que de figurer dans cette liste car le NME est un magazine important chez nous.
Tom : Tu es jeune et cool, ça pourrait être pire ! (rires)