logo SOV

The Cribs

The Cribs

The Cribs - The Cribs
Chronique Album
Date de sortie : 08.03.2004
Label : Wichita Recordings
3
Rédigé par Maxence, le 3 avril 2004
Bookmark and Share
Ah le renouveau du rock ! Attendu pendant si longtemps, arrivé enfin vers l'année 2000, on commence à regretter quelques peu le temps où le rock gardait sa dimension confidentielle. Aujourd'hui les groupes de neo-rock arrivent en masse chez les disquaires, avec plus (The Von Bondies) ou moins (Jet) d'intérêt. Non pas que cette diversité soit gênante, bien au contraire, bien au contraire, on ne peut que s'en réjouir. Mais seulement voila, cela devient peinant lorsque qu'un groupe arrive avec dans la poche ses influences 70-80's, ses gentilles guitares et ses mélodies bien peaufinées et ses Converse aux pieds. Et voila le problème est que ce genre de groupe part avec un handicap, se retrouvant noyé au milieu de toute cette diversité. D'autant plus lorsque le groupe en question se retrouve affublé d'un nom à vomir et d'une pochette immonde. C'est ainsi le cas des jeunes Cribs, avec leur pochette plus ou moins new wave, et dont le style oscille entre les Strokes et les Libertines, sans la classe désinvolte des premiers ni le romantisme désabusé des seconds.

Mais ne les enterrons pas trop vite. Car malgré tous ces handicaps flagrants, ils sont loin d'être inintéressants. Tout d'abord sur le titre d'ouverture, ils font preuve d'une certaine audace. Gary y chante d'une voix excessivement grave à la manière d'un crooner sous LSD sur une mélodie plutôt originale, le tout semblant être enregistré au magnéto 4 pistes. Pas spécialement interessant à vrai dire, mais The Watch Trick a le mérite de surprendre l'auditeur.

You Were Always The One recentre les débats. Mélodie pop léchée, voix réjouissante, le titre fait mouche. On parviendra au prix de quelques efforts à reconnaître un petit coté Strokes du coté de la rythmique et du son de guitare. The Lights Went Out se place dans la même lignée, avec toutefois une rythmique plus soutenue rendant le titre bien plus entraînant et lui conférant le statut de single potentiel, d'autant plus qu'il est doté d'un refrain particulièrement efficace. Mais il faut tempérer tout de même car ces titres n'ont en rien l'envergure des meilleurs de leurs contemporains, Libertines et consorts.

You And I atténue d'ailleurs ces bonnes impressions. La chanson se révèle sans grand intérêt. Loin d'être désagréable, voir même très plaisant sur la fin, le titre ennuie plus qu'il n'enthousiasme par son manque d'originalité. On se rend d'ailleurs rapidement compte qu'il réside là un problème flagrant du groupe, car bien que n'étant absolument pas agaçants ou prétentieux, les Cribs ne possèdent malheureusement pas le genre de détails musicaux qui pourraient les faire sortir du lot. Peut être que s'ils étaient arrivés quelques années plus tôt la tâche leur aurait été plus facile.

Mais Things You Should Be Knowing est à deux doigts de me faire mentir. Enfin on a l'impression d'entendre quelque chose qui ressort. Oui, il y a quelque chose, c'est certain. Mais rapidement on se rend compte que ce quelque chose n'est autre qu'une ressemblance avec Soma des Strokes... Et c'est là un autre problème du groupe. En effet des que l'on arrive a percevoir quelconque sonorité plaisante, on se rend compte que cela a déjà été entendu auparavant chez d'autres. Avec toutefois sur ce titre une touche d’excentricité en plus : voix qui monte excessivement haut et guitare qui déraille. Cette excentricité plait mais est bien trop nuancé pour s'avérer être une véritable originalité. Ils auraient peut être intérêt a accentuer ces dérapages. Cela n'engage que moi, mais quelques pétages de plombs jalonnant ces morceaux propres sur eux seraient du meilleur effet. Peut être une des voies à suivre afin d'éviter l'enterrement annoncé.

Another Number retombe dans la sagesse et le conformisme. Rien n'est remarquable encore une fois, mais la ligne mélodique reste efficace, de la même manière que pour What About Me, avec un refrain du meilleur effet, lorgnant sur les Kinks et les Beach Boys. Sur Learning How To Fight, Gary reprend sa voix de crooner défoncé pour nous embarquer dans une chanson plutôt ennuyeuse où le sens de la pop du groupe semble disparaître.

La fin de l'album est bien plus réjouissante. Tri'Elle et Baby Don't Sweat semblent se détacher du modèle strokesien. Et on y découvre alors une redoutable efficacité pop. Le trio se lâche enfin, surtout sur Baby Don't Sweat. Les guitares se font moins propres et on a enfin l'impression d'avoir affaire à un groupe doté d’une réelle personnalité. Direction confirme ce sentiment. Les chansons se font bien plus intéressantes, fraîches et réjouissantes que sur la première partie de l'album. Third Outing nous laisse finalement sur une excellente impression avec des dérapages enfin assumés, alternant du mielleux ironique, le tout étant joliment crade. Ainsi ce morceau de clôture réjouit.

The Cribs amusent et réjouissent plus qu'ils ne surprennent, et force est de reconnaître que le tout n'est pas particulièrement génial, mais il ressort de bonnes choses présageant peut être d'une vie plus longue que prévue. Aussi leur sens de la mélodie plutôt affûté joue pour eux. Il leur faudra toutefois se libérer de ce schéma Strokes-Libertines, car cela ne leur réussit pas vraiment, surtout quand ils reprennent les défauts de ces derniers (voir notamment la durée de l'album...). Au final ce disque qui se laissera écouter sans grand mal possède une durée de vie assez limitée, mais ne serait ce que pour les qualités pop indéniables de quelques morceaux, il méritera au moins une ou deux écoutes attentives.
tracklisting
    1. The Watch Trick
  • 2. You Were Always The One
  • 3. The Lights Went Out
  • 4. You And I
  • 5. Things You Should Be Knowing
  • 6. Another Number
  • 7. What About Me
  • 8. Learning How To Fight
  • 9. Tri'Elle
  • 10. Baby Don't Sweat
  • 11. Direction
  • 12. Third Outing
titres conseillés
    You Were Always The One, Direction, Third Outing
notes des lecteurs
notes des rédacteurs
Du même artiste