Broken Records

Il est plus facile de casser des disques que des MP3s, c'est aussi ça qui fait leur charme. Les écossais, ex-futur grand groupe britannique risquant d'exploser, sortent leur troisième disque intact. Ils s'étaient fait remarquer en publiant deux disques aux accents indie-folk, coup sur coup en 2009 et 2010, avant de sombrer dans un relatif oubli jusqu'à ce Weight & Pulleys qui marque leur grand retour. Les frères Sutherland et leur troupe ont ajouté une dose d'électricité pour un album aux guitares plus énervées.

On connaissait les Broken Records émouvants, avec leurs arrangements multi-instrumentaux précis et classieux. Si la classe est toujours de rigueur, les influences rock ont pris le dessus puisque le groupe d'Edimbourg se base ici davantage sur une énergie explosive prenant l'auditeur aux tripes. La sensibilité est toujours présente avec cette voix aérienne et tremblotante, surplombant des compositions pop emplies d'espoir et teinté d'une certaine grandiloquence fulgurante. Les compositions reposent sur des répétitions rythmiques binaires allant en crescendos vers des finaux distordus. Ils peuvent s'achever sur des gimmicks hyper-entrainants comme ces « We were not ready » sur Ditty, titre introductif à l'ambiance planante. On pense fortement aux Local Natives dans cette voix fiévreuse ou aux Arcade Fire des débuts, pour ces couches de guitare rythmiques répétées.

Le zénith est atteint sur Let's Call It A Betrayal, morceau à l'urgence nous menant par le bout du nez pour ne jamais nous laisser s'échapper : un single épique et ambitieux à la The Walkmen. Les ballades mystiques arrosées de pianos volants et autres violons inondés sont toujours présentes à l'image de la très belle Toska et ses voix en arpèges. Elle sont également présente sur une seconde partie d'album plus intimiste, voire spirituelle : Broken Records y retournent à leurs premières amours avec ce You'll Be Lonely (In A Little While) aux influences Springsteeniennes tannées de tambourin et autres percussions. La douceur s'impose sur la clameur sur la très belle Nothing Doubtful où la voix a capella reposée de Jamie Sutherland débouche sur des cuivres héroïques et enlevés. On s'accroche finalement à cette voix qui rassurerait presque lorsqu'elle nous murmure I Won't Leave You In The Dark.

Broken Records font évoluer leur musique vers une nervosité écorchée mise en avant, sans oublier une certaine paix intérieure présente sur toutes les compositions. L'album s'achève sur ce sentiment de quiétude avec une ballade reposée. Les Écossais peuvent souffrir de certaines comparaisons quand à l'originalité de leur son, mais leur compositions marquantes nous ont séduites. Heartbroken Scots, unbroken records.