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Matt Elliott

Interview publiée par Johan le 7 octobre 2008

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En publiant en ce mois d'octobre Howling Songs, Matt Elliott met un terme au triptyque entamé lors de la sortie de Drinking Songs en 2005. Le plus français des compositeurs anglais nous livre ici ses impressions sur son évolution et un dernier album très attendu...

Le grand public français ne te connaît pas encore très bien, pourrais-tu donc te présenter pour ceux qui ne te découvrent que maintenant ?

Je commence à me faire un nom en France, mais pour me présenter je dirais que j’ai commencé la musique à l’âge de quinze ans avec The Tird Eye Foundation, un projet de musique électronique. Je n’ai jamais cessé de sortir des disques depuis. Je suis très fier de pouvoir posséder un noyau de fans restreint mais très fidèle.

Il existe une connexion très forte entre la France et toi, comment est-elle née ?

Ma mère est francophile et la France est le premier pays étranger que j’ai visité quand j’étais jeune puis dans lequel j’ai vécu par la suite. C’est important pour moi car la politique française est à un tournant de son histoire, il faut que le pays parvienne à déterminer ce qu’il souhaite réellement. A l’heure actuelle je crains que le peuple n’ait choisi la voie la plus obscure mais cela peut encore changer, beaucoup d’opinions se manifestent et je ne sais pas où cela amènera le pays. J’ai vu mon propre pays, l’Angleterre, travers des périodes difficiles et je ne souhaite pas ça à la France.

De quelle manière ta carrière a-t-elle débuté sous le nom de The Tird Eye Foundation ?

J’ai commencé à jouer avec les instruments que je pouvais trouver autour de moi, sans avoir un but précis. Je prenais ce que je trouvais, des instruments en bon état ou juste des morceaux que j’exploitais ensuite.

Après avoir publié pas moins de cinq albums entre 1996 et 2001, tu as ralenti le rythme de tes sorties. Quelle en est la raison ?

Simplement car j’ai appris à travailler différemment. Quand tu es jeune et que tu n’as pas une grande expérience du métier tu as parfois beaucoup d’idées et tu veux les exploiter immédiatement…

Après avoir collaboré avec Domino Records durant les premières années, tes disques sortent désormais sur un petit label indépendant. En quoi ce changement t’a-t-il affecté d’un point de vue personnel et artistique ?

Beaucoup de choses se sont passées à cette époque et il est compliqué pour moi de faire un parallèle sur les raisons de ce changement. Ce qu’il faut retenir avant tout c’est que je suis très heureux de ma situation actuelle, cette décision m’a permis de me remettre en cause. Je reste également en très bons termes avec Domino Records, je leur suis très reconnaissant pour l’aide qu’ils m’ont apporté.

Après l’électronique à tes débuts, ta musique s’est orientée vers un folk plus classique. Quelles sont les raisons de cette évolution ?

C’est simple : je déménageais souvent et je n’avais pas le temps d’installer un petit studio d’enregistrement à chaque fois. Un ami proche m’a offert une guitare acoustique un jour, j’ai appris à en jouer et cet instrument a radicalement changé mon approche de la musique !

Quels sont donc tes disques qui te représentent le mieux ?

Aucun ne me représente complètement car ils sont tous le reflet de ma personnalité à différents moments de ma vie. Je m’investis beaucoup sur chaque album, je donne vraiment tout ce que je peux à chaque fois. Évidemment, Howling Songs est sans doute le disque je considère comme le plus fidèle à ma personne car c’est le plus récent…

Howling Songs est le dernier chapitre du triptyque entamé avec Drinking Songs. Comment l’idée de suivre une continuité sur ces trois disques est-elle apparue ?

Je ne l’avais pas prévu dès le départ, je préfère ne plus planifier les choses. Ces trois disques ont été écrit de la même manière mais les méthodes d’enregistrements ont au final été complètement différentes. Howling Songs est le premier à avoir été enregistré et mixé dans un studio. Le son y est plus dynamique et direct dans la manière de jouer les chansons, c’est celui du triptyque que je préfère.

Penses-tu qu’il soit nécessaire de connaître Drinking Songs et Failing Songs pour apprécier Howling Songs ?

Absolument pas ! Les disques sont lies car ils représentent différentes périodes de ma vie mais il est possible de les apprécier indépendamment les uns des autres.

Doit-on voir un signe particulier dans l’utilisation du terme « songs » pour les trois disques ?

Les chansons existent d’abord comme une entité à part entière mais constituent aussi un « tout ». Elles permettent de raconter une histoire et d’expliquer ce que traverse une personne.

Ces trois albums semblent très personnels, par quoi ont-ils été inspirés en particulier ?

Par beaucoup de choses différentes ! Ce qui a pu toucher mon âme, des événements qui se sont produits dans ma vie ou celle d’autres personnes, ce dont la presse ou les journaux parlent en général… Mes sources d’inspiration sont nombreuses, je ne me concentre pas sur un seul sujet.

Maintenant que ton triptyque est achevé, vers quoi penses-tu te tourner ?

Je ne suis pas encore sûr de ce que je vais faire par la suite. J’ai déjà commencé à écrire de nouvelles chansons pour mon prochain projet mais il est vraiment tôt pour pouvoir déterminer et expliquer quelle en sera la ligne directrice.

As-tu déjà envisagé de proposer à nouveau le même genre de musique qu’à tes débuts ?

Non, ça n’aurait vraiment aucun intérêt. En tant que musicien et être humain, mon but est d’évoluer et de progresser dans mes activités, de toujours être en mouvement. Ce serait vraiment déprimant pour moi de chercher à copier la musique que je jouais il y a dix ans ! Je suis une personne différente, avec de nouvelles aspirations et une expérience artistique plus riche. Partant de là…

Des rumeurs ont également circulé ces derniers temps à propos d’une reformation de The Third Eye Foundation, peux-tu m’en dire plus ?

Je ne ferme pas la porte à cette possibilité mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Qui vivra verra…