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Gruff Rhys

Interview publiée par Delphine le 15 février 2005

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Après de longues années au sein des Super Furry Animals, Gruff Rhys s'offre en ce début d'année une escapade avec son premier album solo : Yr Atal Genhedlaeth. De passage à Paris, celui-ci ne manque de revenir sur ce nouveau disque et sur le futur de son groupe...

Le 19 janvier, Gruff Rhys, chanteur des fantastiques Super Furry Animals, était en balade à Paris afin de promouvoir son premier album solo, Yr Atal Genhedlaeth.

Grande admiratrice du groupe, l'idée de rencontrer le charmant leader gallois aux longs cheveux bouclés et aux grands yeux noirs un peu rêveurs n'est pas faite pour me déplaire. Le rendez-vous est donc pris dans les locaux de Radio Campus Paris où Gruff Rhys est supposé enregistrer une session acoustique et une interview pour les auditeurs de la radio étudiante parisienne. Arrivée en plein milieu de l'enregistrement, j'assiste à son énième tentative : Gruff Rhys ayant à priori du mal à accorder ses différents instruments aussi originaux qu'amusants. Son mini-orchestre se compose en effet d'une guitare (jusque-là, rien de très extraordinaire !), d'un petit synthé (qu'on dirait tout droit sorti de « Toys'R'Us »), d'une mini-cage à oiseaux qui fait cui-cui, et de pléthores de petits gadgets aussi farfelus les uns que les autres. Mais l'heure tourne, la récré est finie, Gruff ! Par conséquent, la dernière version de Pwdiw Wy 2 sera la bonne. C'est donc à mon tour de passer une demi-heure en compagnie de cet homme charmant, un grand gamin à l'accent gallois fort prononcé (on m'avait prévenue !).

C'est le première fois qu'il se retrouve seul, comme un grand, à parler de son œuvre : « c'est très bizarre d'être seul ici à promouvoir mon album, c'est assez inhabituel... C'est plus amusant d'être avec le groupe tout entier ! » Yr Atal Genhedlaeth (The Stuggering Generation in English) est arrivé un peu par hasard après 7 albums avec les Super Furry Animals, en 10 ans de carrière : « je n'avais pas vraiment prévu de faire un album solo. De mon côté, j'avais quelques chansons déjà prêtes et on en avait suffisamment pour faire un nouvel album des SFA. Alors, je n'ai pas eu l'impression de les piquer au groupe. J'ai décidé de le partager plutôt que de le garder pour moi et de le sortir sur le label du groupe, Placid Casual ». Sur Yr Atal Genhedlaeth, Gruff Rhys chante, joue la plupart des instruments, a écrit et composé 10 titres (le dernier étant une reprise d'un classique gallois). Au final, c'est un ensemble de petites chansons pop joyeuses (à écouter le matin au réveil), sortes de comptines dansantes, mais également quelques ballades, le tout joué à l'aide d'un petit clavier acheté 30€ sur une aire d'autoroute, et chanté dans un gallois parfait : « c'est ma première langue, c'est plus personnel. Je ne pense pas à la langue quand j'écris, ça vient instinctivement. On avait déjà écrit des chansons en gallois avec le groupe... Mais je fais très attention quand j'écris en gallois, car ma mère comprend tout ce que je dis et dans les paroles de mon album, il y a pas mal de blagues ! »

Même si comme nous l'avoue Gruff : « j'ai un énorme problème, je ne peux pas m'arrêter d'écrire des chansons ! », le prochain album solo n'est pas à l'ordre du jour. Par contre, bonne nouvelle pour les fans du groupe tout entier, le prochain SFA, c'est pour bientôt : « on vient juste de le finir. Il sortira vers avril-mai. Ce sera un album de soul psychédélique ! Au sein du groupe, on est plus en plus à écrire et composer, ça permet de ne pas nous répéter. » Justement, cela fait donc une petite dizaine d'années (mine de rien, le temps passe) que les Super Furry Animals existent sans jamais avoir fait parler d'eux à travers frasques et autres évènements extra-musicaux, sans jamais avoir souffert d'une pression ni de la maison de disque, ni des médias : « je ne pense pas qu'on corresponde réellement à la scène rock britannique. On est très heureux de pouvoir sortir nos disques. On est passé par pas mal de labels différents en se disant que chaque nouvel album est le dernier ! Je pense que les groupes qui souffrent de cette pression se la créent eux-mêmes. Ces groupes ont trop parlé d'eux, de leur vie privée. C'est comme un soap-opera. Nous, on essaie de se préserver en tant qu'être humain, on ne veut pas faire partie d'une celebrity-thing. »

Une demi-heure avec Gruff Rhys, ça passe trop vite, je dois donc le quitter. Certes, je suis triste mais je sais que le soir-même, on se retrouve au Truskel pour une de ses rares apparitions scéniques : « je ne vais pas beaucoup tourner avec mon album : quelques petits concerts comme ce soir avec mon sampler et tout... Je vais faire une tournée du Pays de Galles, je vais aller en Islande et puis, je vais me séparer... » Quel blagueur, ce Gruff !

Quelques heures plus tard, on le retrouve donc au Truskel juste à temps, pour ce mini-concert loin d'être ordinaire. Comme plus tôt dans l'après-midi, Gruff Rhys passe pas mal de temps à choisir ses instruments et accorder le tout, ce qui lasse une partie du public du club hype-indé-alternatif-branchouille parisien, ce qui en fait rire une autre (dont moi, forcément). Il joue quelques titres de son album solo, nous fait écouter à travers un magnéto la version originale du dernier morceau de l'album chantée par la Céline Dion galloise (précise-t-il) et un ou deux titres du groupe. En résumé, c'est un concert assez décousu mais jovial : le grand gamin est tellement touchant quand il triture ses jouets pour en faire sortir des sons assez... inhabituels.
Fin du concert, fin de cette journée en compagnie du leader des Super Furry Animals. Le retour sur scène de son groupe quelque peu déjanté est prévu pur cet été, nous a-t-il dit. Mais cette fois-ci, sans leurs déguisements très sexy de golden retriever aujourd'hui recyclés en modèles réduits pour enfants... Dommage, mais attendons-nous à les retrouver à Paris pour un concert très bientôt : Gruff jugeant ne pas assez jouer dans la plus belle ville du monde, gwn mi wn !