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The Cribs

Men's Needs, Women's Needs, Whatever

The Cribs - Men's Needs, Women's Needs, Whatever
Chronique Album
Date de sortie : 21.05.2007
Label : Wichita Recordings/Cooperative Music
4
Rédigé par Johan, le 27 mai 2007
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The Cribs ont l'attirail complet de la formation certifiée « groupe de la semaine » : les trois membres font partie de la même famille, deux frères jumeaux (Ryan au chant et à la guitare, Gary Jarman à la basse) et leur cadet (Ross à la batterie) ; leur musique oscille entre The Strokes et The Libertines, les deux groupes majeurs du "The" au 21e siècle ; ils sont amis avec les Kaiser Chiefs et partent régulièrement en tournée avec eux ; leur troisième album Men's Needs, Women's Needs, Whatever est produit par Alex Kapranos.
Mais curieusement, ils font très peu parler d'eux par ici. Un usage du média internet certainement pas assez fréquent, une promo quasi inexistante en dehors de la perfectible Albion – malgré tout de même d'épatantes performances scéniques un peu partout dans le monde – et quelques rares couvertures de magazines ne les ont forcément pas favorisés. Et ce n'est pas le bouche-à-oreille qui a pu grandement les assister ...

Quoi qu'il en soit, The Cribs existent. Depuis 2004 et leur premier album éponyme, ils connaissent un succès honorable en Angleterre. Le second, The New Fellas, paru un an après, emprunte musicalement le même itinéraire tout en accentuant les angles pour un virage plus rock. La voix de crooner de Ryan Jarman contraste à merveille avec le son de guitare strident qui vrille avec volupté les tympans.
Après avoir partagé quelques temps l'affiche aux côtés de Death Cab for Cutie et Franz Ferdinand sur la tournée de 2006, The Cribs reviennent donc avec leur nouvel album Men's Needs, Women's Needs, Whatever qui conserve le même cap garage mais se révèle hélas plus poussif en milieu de parcours après la montée en puissance de la première moitié du disque.

À l'instar des oeuvres de Modest Mouse, Men's Needs, Women's Needs, Whatever prend des allures d'obscur fourre-tout qui ne trouve de compartiments éclairés qu'au fil recousu des écoutes : un élément minime dans une chanson déclenche l'intérêt, puis attise la curiosité, avant d'entraîner l'euphorie.
Prenons par exemple le single Men's Needs. Au premier abord, rien de bien exceptionnel. Et pourtant, par a+b+c on peut prouver que le riff Strokesien malmené jusqu'à l'égarement déclenche un intérêt certain qui ne s'étend pas sur les couplets pour s'arrêter précisément sur les refrains prononcés. La curiosité l'emporte et c'est le final dissonnant, accentué dans l'esprit de l'auditeur, qui causera l'euphorie pour la chanson dans sa globalité. Voilà pour l'analyse scientifique. Étonnant, non ?

Non, bien sûr que non, tout ça est purement subjectif. Si j'avais rangé mon linge propre dans la matinée, peut-être que mon intérêt aurait été suscité par le refrain déchirant pour finalement terminer sur le break de 1'43 à 2'14 après que les couplets me sont glissé à l'oreille, tout comme pour d'autres – probablement les moins concernés – le déclic leur viendra à la vue du clip dans lequel danse une jeune femme dénudée, leur inscitant à prendre en compte le bourdonnement sourd de trois minutes trente qui s'échappe de leur téléviseur avant de se passionner pour chaque seconde de la chanson.
Cette relation irréfléchie à la musique est au final une étude comportementale de l'individu selon les bagages musicaux qu'il traîne au bout d'une chaîne. La pesante Be Safe, de par la contribution personnelle de Lee Ranaldo tout au long de ses six minutes d'un crescendo rude entre post-rock et krautrock, n'occasionne pas la même appréhension selon l'éducation que le destinataire qui la ressent s'est forgée.

C'est donc une longue exploration que l'écoute de ce Men's Needs, Women's Needs, Whatever. En apparence académique, voire primaire, l'album se décortique en fait au braille. N'effleurer ne serait-ce que le chant, séparé de ses instruments alentours, rend l'expérience plus complexe qu'il n'y paraît. La voix rocailleuse de Ryan Jarman, reconnaissable entre mille, déploie des intonations singulières, plus assurée encore que sur The New Fellas.
Dès Our Bovine Public, la cadence est donnée, le chant fait des avances aux aigus de la guitare avec aplomb et endurance, à l'inverse de Girls Like Mystery où c'est cette fois la guitare qui accoste le chanteur avant que les deux se rejoignent en choeurs sur un break énergique et efficient. Plus loin, la côté devient plus pénible et des plages comme I'm A Realist et Women's Needs, malgré leurs débordements aventureux, échouent entre des Majors Titling Victory et My Life Flashed Before My Eyes plus chaotiques.

Après les sommets de Be Safe, ce sont le convulsif Ancient History et le pondéré Shoot The Poets qui ferment la marche. Une marche en dents de scie, peut-être pas encore tout à fait intégrée, qui se régulera au mieux les prochaines années, au pire les prochains jours.
tracklisting
    1. Our Bovine Public
  • 2. Girls Like Mystery
  • 3. Men's Needs
  • 4. Moving Pictures
  • 5. I'm A Realist
  • 6. Majors Titling Victory
  • 7. Women's Needs
  • 8. I've Tried Everything
  • 9. My Life Flashed Before My Eyes
  • 10. Be Safe
  • 11. Ancient History
  • 12. Shoot The Poets
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    Girls Like Mystery, Be Safe, My Life Flashed Before My Eyes
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