The Charlatans

Les Charlatans sortent leurs dixième album studio et c'est soudain une irrépressible envie de coupe au bol qui nous envahie, avec ce désir frénétique de se refaire le film Control, (même si on se souvient qu'on est resté couché pendant trois jours, tant ça nous a déprimé), et de courir ouvrir sa fenêtre en criant sous la pluie "go on Manchester" !

Pas de panique, on est en 2008 et les anciens pensionnaires de la Hacienda reviennent avec un album décalé, et décadent d'où une certaine jovialité de notre part. The Charlatans, des vétérans qui ont fait la guerre de l'Acid House, influencés par les Inspiral Carpets et les allumés Happy Mondays. Un véritable emblème de ce qui se faisait de mieux à l'époque, là-bas, dans cette contrée qu'on appelle "Angleterre", la terre promise pour tout fan de musique, désireux d'échapper à cet empirisme français, consistant à écouter de la variété mièvre, durant toute son existence. Construite sur les fondations de New Order, cette scène mancunienne aura bouleversé l'histoire du rock et fait immerger une identité musicale propre à Manchester (même si certains de ces groupes à commencer par les Charlatans, n'étaient pas originaires de la ville...), qui verra des clubs pousser comme des champignons à chaque coin de ses rues. Aujourd'hui, si le temps des rêves et de l'insouciance semble être révolu, et avec une carrière qui demeure inégale, aussi bien sur le terrain de la qualité, à proprement parlé, que sur celui de la reconnaissance, The Charlatans débarque en 2008 avec un magnifique album double, qui redonne foi en l'église rock 90's. En parfaite adéquation avec son temps, le groupe a choisi à la façon de Radiohead de proposer son album téléchargeable gratuitement à partir de son site et de celui de la radio XFM depuis le mois de mars. Reste à découvrir l'album physique, estampillé "deluxe", comprenant un album avec 10 titres ainsi qu'un cd de raretés et de versions live. Wahouuu tout ça pour nous ? Et oui, 2008 étant aussi l'année du nouveau Coldplay, les mauvaises langues préfèrent assurer leurs arrières, et proclamer que cette année n'aura pas été complètement foutue grâce à nos valeureux Charlatans...You Cross My Path est l'album qu'il faut donner à tous ces gens qui ont snobé la venue de Ian Brown des Stone Roses, le mois dernier à Paris. L'ex-scène de Madchester n'a pas besoin de faire des featuring avec Gorillaz pour exister, elle a aussi ses formidables remontées acides comme en témoigne cet album immanquable. Le single Oh!Vanity fait partie des fantasmes de New Order tandis que Bad Days remmène les gouailleux Killers à leurs bancs d'école. Le spirituel The Misbegotten nous rappelle ce frissonnement qu'on attendait lors de l'écoute du dernier Primal Scream (qui n'est d'ailleurs jamais venu), tandis que le titre éponyme de l'album et son riff chamailleur ravira les pogoteurs compulsifs. Le clavier est transcendantal et poursuit nos oreilles à chaque titre donnant un caractère quasi 60's à l'album, renforcé par le clin d'oeil This Is The End en clôture.

Les Charlatans ressuscitent sur cet album et chassent les vieux démons du rock anglais : un album incontournable.