James

James, c’est un peu le groupe qui semble ne jamais vieillir. Avec des chansons à l’entrain toujours à résonance jouvencelle, le groupe mancunien fait ainsi oublier qu’il a plus d’un quart de siècle dans les rouages. Alors, comme élixir de jouvence, on ressortira indéfiniment les hymnes Sit Down et Laid, mais qui agiront en cadeau empoisonné. Car si les chansons de James sont parvenues à rester plus ou moins dans les mémoires, loin s’en faut pour dire pareillement quant à la carrière du groupe.

Après sept ans de hiatus, et leurs derniers albums en désamour avec un public pourtant fervent, James revient donc. Comme les autres. Première remarque, la trompette est de nouveau de sortie et fait fort bien son travail. Il est vrai assez peu utilisé de nos jours, elle permet de donner cette petite pointe identitaire à James. Comme un point d’ancrage à la vieille époque. Car finalement, si Hey Ma sort bien en 2008, il est parfois (trop) aisé de tisser les liens entre passé et présent, comme si le groupe n’avait jamais vraiment réussi à évoluer. Pis, comme si James n’avait jamais vraiment pu changer malgré une volonté significative.

On retrouve l’enjouement et la joyeuseté précieuse, mais on retrouve aussi certains penchants, dont les raccourcis un peu faciles et les élaborations parfois peu judicieuses (Waterfall). Mais heureusement, si James semble plus posé, c’est bien pour mieux imposer certaines manières, développer de temps à autre de belles ballades rock d’un autre temps (Bubbles, Oh My Heart), mais d’un temps que l’on aime bien. Ces temps où la musique n’était réellement que musique, pour artistes et auditoire. C’est ce que James finalement de bien mieux que tout le reste.

Ce que les anglais ont perdu en percussion au fil des années, ils semblent cependant l’avoir récupéré en instrumentalisation. En essai, tout du moins. Upside avec ses trémolos au piano sont fins malgré le manque de variations, la puissance tranquille et le rythme parfait du chant de Tim Booth sur Whiteboy permet à elle seule de porter ces trois minutes d’affront exemplaire, Of Monsters & Heroes & Men brille par ses sobres mais efficaces accompagnements. Et cela, c’est ce que James a de meilleur après vingt ans de carrière. Il y aura toujours des inconsistances de compositions et de titres forts, ces trop faisants, ces maladresses mélodiques. Mais ce que l’on n’amputera jamais à James est sa volonté, belle à voir. Bonne à entendre ?