Little Man Tate

Après la débâcle planétaire du premier opus About What You Know paru il y a une année et demie et l’extrême déconvenue qui en avait résulté, se soldant par son débarquement d’Universal, le quatuor de Sheffield tente une réhabilitation par le biais de onze nouveaux titres avec comme objectif principal de faire oublier les errances du passé. Ainsi, a-t-on pour Nothing Worth Having Comes Easy fait peau neuve, la meilleure illustration en étant le changement de label. L’occasion nous est donc offerte de déterminer si le combo plutôt persévérant et tenace malgré les nombreux déboires subis est désormais à même de proposer de véritables chansons dignes de ce nom, faisant preuve de maturité du point de vue de l’écriture musicale et se démarquant des clichés des premiers titres.

Si l’entrée en matière constituée par le très passable Money Wheel à la mélodie primesautière et monotone, n’est guère encourageante ni de bon augure, en revanche, dès la seconde composition, à savoir le premier single extrait de l’album, What Your Boyfriend Said, on découvre une rythmique percutante et enlevée, des riffs électriques inspirés, et un chant parfaitement ajusté, toujours à la mode de Dogs mais dont le détachement sonne, à présent, juste. Et par bonheur, cette première véritable réussite du combo n’est pas isolée car les morceaux plaisants s’enchaînent, depuis le plus The Rifles tu meurs parfaitement exécuté Reflection In His Sunglasses, jusqu’aux obsessionnels Hey Little Sweetie ou encore A Little Heart, que ne renieraient pas The Pigeon Detectives, en passant par le poétique, policé et très rigoureux London Skies London Eyes. En outre, une mention spéciale doit être décernée à la batterie devenue extrêmement technique, inventive et jubilatoire.

Même s’il subsiste quelques titres pas vraiment aboutis ni indispensables parmi les onze offerts, par exemple les indigents Face On The Wall et Shoulder To Sigh On, force est de constater que Little Man Tate s’est métamorphosé en l’espace que quelques mois, comme si, finalement, il leur avait fallu prendre le recul nécessaire pour digérer leur succès fulgurant et pouvoir proposer des chansons, certes toujours peu originales, cela n’a jamais été l’ambition affichée par le groupe s’inscrivant dans une démarche plutôt ludique et insouciante, mais parfois exécutées avec brio. Ainsi, en gommant l’échec de l’année passée que constituait la parution d’un premier album sûrement prématuré, Little Man Tate repart du bon pied après une remise en question et la production de nombreux efforts louables, après avoir, selon toute évidence, réalisé que « rien ne s’acquiert facilement ».