Chronique Album
Date de sortie : 06.04.2009
Label : Rough Trade
Rédigé par
Kris, le 28 avril 2009
Parfois, il m’arrive de ne même plus savoir pourquoi j’aimais les Veils. Demeure un vague souvenir lointain d’une poignée de bonnes chansons, mais à la contemplation de la pochette de ce Sun Gangs, aucune d’entre elles ne me revient. Seul le souvenir intact d’une voix forte et empruntée persiste, ce timbre s’exprimant aussi effrontément dans les ballades, qu’elle est subtile dans les trépidations plus enlevées. Ce signe distinctif, c’est forcément Finn Andrews, tête de proue de la navette Veils.
Bien sûr, Andrews n’est plus le même que celui qui a écrit The Runaway Found, ni Nux Vomica. Un peu plus âgé, plus expérimenté, plus rôdé, il est peut-être également un peu plus usé. N’ayant toujours pas fait le choix entre le folk et le rock, ses Veils sont ainsi toujours cet hybride un peu hétérogène qui joue aux montagnes russes au sein de ce Sun Gangs. Si l’on devait trouver des points d’attaches, ce serait à creuser de Nux Vomica, à partir duquel la formation s’est stabilisée, que ce soit au niveau physique – pas de renouvellement d’effectif cette fois-ci (NDLR : Finn Andrews s’était séparé de tous ses musiciens à la suite du premier album) –, qu’au niveau purement musical.
L’influence folk naturelle d’Andrews prédomine ici (Scarecrow) couplée à son desiderata de composer de belles chansons pop classiques (la sympathique The House She Lived In). L’ennui vient néanmoins poindre le bout de son nez alors que la musique des Veils tente ses excursions dans des contrées plus marginales d’un rock extrême, appuyé mais épuré très Musesques (Killed By The Boom, Three Sisters). Comme pour dénoter d’une image, d’un passé, trop lisses, Andrews se brûle les ailes en tentant une radicalisation inappropriée, où les belles chansons ne sont plus mises en avant (Sit Down By The Fire, Begin Again, qui respectivement ouvre et clôture l’album), mais sont à la merci de ces envolées décadentes.
Alors, oui la voix malléable, à la fois dure et douce, de Finn Andrews vaut un certain détour, mais Sun Gangs se perd parfois trop souvent dans des allées où il n’aurait peut-être jamais dû passer. The Veils perd en cohérence ce qu’il gagnera en intérêt dans un futur proche, par les pistes semées, par les erreurs qui ne seront plus répétées, par le talent à peine entamé d’un artiste complexe et doué.