Echo & The Bunnymen

Echo & the Bunnymen étaient des seconds couteaux de la new wave, et un grand succès commercial du post-punk : trop raisonnables pour brûler la chandelle par les deux bouts comme Joy Division ou The Sound, ils ont produit, en onze albums, une musique plus édulcorée, plus accessible aussi, en un mot plus pop, ce qui leur a assuré les honneurs des charts. Surtout, et même depuis leur reformation de 1997, ils n'ont pas cherché à s'éloigner de ce qu'ils savaient faire, et, contrairement à leurs quasi-contemporains de New Order, ne sont pas allés explorer des directions nouvelles. Leur musique est donc mainstream, teintée en surface par une époque sombre et son thatchérisme glauque, et leurs angoisses sont bien rôdées.

The Fountain s'inscrit en droite ligne des albums précédents, et ne cherche d'ailleurs pas à s'en cacher. Le groupe semble s'auto-citer, et s'amuse même à invoquer sa gloire entre les lignes (« Do you know who I am? », interroge un des titres). Même si l'on ne trouve rien d'aussi prenant que Killing Moon, l'ensemble marche plutôt bien, n'écorchant ni la tradition ni les oreilles. On n'aime jamais tant la voix de Ian McCulloch que quand elle se fait très grave, surtout quand on est une fille, et les « Oh Yeah » de The Fountain se révèlent eux aussi vraiment somptuex.

Drivetime est sans doute le plus beau moment de cet album, puissant et triste, mille fois plus réussi que le Think I Need To Do sorti en single et un peu affaibli par son côté grand spectacle. Non, sur Drivetime, il y a une ampleur, une angoisse, qui en font une chanson dont on se souviendra longtemps, et qui à elle seule justifie que Echo & The Bunnymen continuent, encore et encore, bien après que la flamme du post-punk se soit éteinte.