Pour l'un des premiers concerts britanniques de l'année 2012 à Paris, c'est un véritable voyage dans le temps auquel nous allons assister. On commence l'année sur du solide, de l'ancien, mais attention de l'ancien qui tient encore et toujours drôlement bien la route ! Ce soir Echo & The Bunnymen investissent le Bataclan pour nous interpréter leurs deux premiers albums,
Crocodiles et
Heaven Up Here.

C'est une fête d'anniversaire qui dure, l'année dernière
Crocodiles a eu 31 ans et
Heaven Up Here 30. Alors pour fêter ces deux dates comme il se doit, Ian McCulloch et ses amis sont repartis sur les routes pour nous faire re-découvrir, voire découvrir pour les plus jeunes, ces deux pépites. Et ils ne sont pas partis seuls sur les routes de France, d'Albion, de Navarre et d'ailleurs. Ils n'ont pas oublié d'emporter avec eux la machine à fumée, véritable pièce maîtresse de leur show. Le groupe évoluera en effet pendant deux heures dans un épais brouillard, et le rétro éclairage de la scène aidant, ce sont des silhouettes fantomatiques que l'on verra évoluer ce soir.
Dans la pénombre à l’avant de la scène, Ian McCulloch fait décidément toujours preuve d'autant de charisme. Toujours joueur et provocateur, il peut se permettre tout ou presque tant le talent est là, intact. Cette voix, absolument majestueuse, tantôt grave et caverneuse, tantôt douce et charmeuse. Entre les morceaux, McCulloch parle. Beaucoup. Avec son accent liverpuldien à couper au couteau et son vocabulaire fleuri, il nous raconte sa vie et ses états d’âme et n’a pas peur de fâcher ses fans en leur assurant que Paris est la deuxième plus belle ville du monde, juste derrière Liverpool. Mais quand la musique reprend, trêve de plaisanteries. Les Bunnymen ne sont pas qu’une vieille gloire passée, c’est une véritable machine de guerre musicale, en ordre et bien huilée, le gigantesque mur de camouflage derrière eux n’est pas là par hasard. Encore quelques notes de fin du monde, puis c’est la pause. Oui la pause, un entracte de dix minutes pour récupérer.

Un verre de bière, puis voilà le groupe de retour. Les sons se font moins métalliques, la voix plus chaude et McCulloch enchaîne les cigarettes. En le voyant arpenter la scène tel un fauve en cage, sa veste sur les épaules, sa dégaine de bad boy, on se dit que tous les Liam Gallagher de la terre devraient lui verser des royalties. L’idée d’entendre tout un album en live, et à fortiori deux, pourrait sembler à priori fastidieuse. Loin s’en faut, et on réalise que le temps passe très vite lorsque le groupe interprète
The Disease, fascinés que nous sommes par la prestation sans faille des anglais. Et notre plaisir ne va pas s’arrêter là, car après une courte pause arrive le temps des rappels. Et là, c’est Noël à nouveau. Décidément très inspirés ce soir, Ian McCulloch et ses acolytes vont nous offrir trois classiques du groupes, dont le magnifique
The Killing Moon.
Puis c’est la sortie de scène sous les applaudissements du public. McCulloch s'échappe en premier suivi de ses camarades. Les fans attendent encore un peu, pour récupérer les setlists, entrevoir éventuellement les héros du jour. Et là, dans la lumière revenue, on se dit que l’on vient de se prendre une sacrée claque. Des concerts comme ça, on en veut toute l’année.