Peggy Sue

Au commencement, « Peggy Sue » était un célèbre tube rockabilly du non moins célèbre Buddy Holly. A notre époque, la jeune et belle Peggy Sue est devenue un groupe, tout frais, tout propre, livrant son premier album Fossils And other Phantoms.

Les EP livrés par le duo étalaient déjà un potentiel certain, laissant entrevoir de belles promesses. Évidemment de belles promesses à confirmer sur long format. Long Division Blues, parfait morceau d’ouverture à l’album, certifie ce savoir-faire. D’entrée, le titre permet une escapade dans un ciel sans nuage, dans une mer plus bleue où la grâce prend place parmi des folk-songs de grandes classes.
Aucune piste n’est réellement en dessous du lot, chacune semble s’ajouter à la précédente pour former un long et agréable voyage sonore. A l’opposé, deux chansons se démarquent magnifiquement : Careless Talk et February Snow. Portées et transportées par des cœurs puissants suivant le rythme intense et progressif des mélodies, ces deux titres sont le sommet d’un premier album de bonne tenue. L’une comme l’autre commence timidement avant de décoller et de laisser planer un certain envoutement.

En écoutant Peggy Sue, on ne peut s’empêcher de penser à ses camarades musicaux : Noah And The Whale et Laura Marling, entre autres. D’une part parce que le groupe possède la même aisance à emmener l’auditeur vers d’improbables altitudes, d’autre part pour son folklore à la production « so british ». Un road-trip en terre anglaise, loin de l’urbanisation et de l’influente population. Ici, Peggy Suent chante en totale harmonie dans une nature pure et mélancolique qui ne peut être réelle. C’est reposant, c’est beau, souvent contagieux lorsque la voix et les chœurs se superposent comme pour mieux prendre leur envol. Et croyez-nous, sincèrement, on aime se perdre dans cet univers à lisière de l’atmosphère frissonnant de Cocorosie.
Il y a chez elles comme une volonté de s’offrir un exutoire, de ne pas se confiner dans une communauté purement rurale. Partir à la recherche d’horizons nouveaux. Là, où l’Angleterre préserve ses plus beaux trésors. Le single, Watchman, confirme et renforce cette théorie. A juste titre, cet exercice est donc une réussite. Aucune chanson n’est difficilement accessible, bien au contraire, on se laisse facilement emporter et le voyage prend un peu plus de profondeur à chaque écoute. D’une simplicité émouvante comme sur Shape We Made, morceau épilogue et intimiste de l’album, le groupe propose de belles ballades qu’on prend plaisir à fredonner.

Pour sûr que les anglaises, à défaut de se démarquer d’un certain ancrage musical, sautent à pieds joins vers les terres de la folk ancestrale. Un drôle de duo pour un chouette univers où déambulent l’obsession d’un ailleurs et la rêverie.