Est paru en décembre dernier
O. Children Remixed. Oui, il y a tout juste quatre petites semaines, c'est-à-dire moins de cinq mois après la sortie de l'album éponyme du quatuor londonien, le 12 juillet. Sceptiques ? Vous faîtes bien.
A première vue, on peut trouver regrettable que les artistes ne se soient pas concertés pour proposer, comme sur le
Silent Alarm Remixed de Bloc Party, une relecture de chaque titre. Ici, uniquement la moitié de
O. Children est utilisée, dans laquelle se trouve d’ailleurs une seule réadaptation de
Dead Disco Dancer... Néanmoins, après une première écoute, on en vient à la conclusion qu'il a été judicieux de ne pas massacrer l'autre moitié de l'album.
« Massacrer » est un mot un peu dur, « dénaturer » est plus adapté. En effet, de bonnes idées traversent ce
O. Children Remixed, mais les mauvaises l'emportent numériquement. Entre les remixes inutiles et ceux qui déconstruisent le chant de Tobias O'Kandi et ôtent ainsi 99,9 % de l'âme du titre originel, ce sont principalement eux qui au final retiennennt notre attention et font de l'ombre aux quelques bons artistes de ce disque.
Passons donc rapidement sur les points faibles de
O. Children Remixed. Alors qu’on attendait bien plus de
Chad Valley, celui-ci fait ici le strict minimum en n’apportant pas grand-chose de neuf à
Heels. Jetez donc plutôt une oreille du côté de son groupe de pop « indé »
Jonquil, ou encore sur son
EP d'electronica contemplatif paru en fin d'année dernière. Et passons encore plus rapidement sur les remixes de
AC Slater et
Mugwump, sans grand intérêt, et notamment ce dernier de neuf minutes que personne n'écoutera jamais jusqu'à son terme. Même remarque pour
Joe And Will Ask qui rallongent
Don’t Dig inutilement.
Plus loin, c’est
Heartbreak qui crée la surprise sur
Ruins. A la grandiloquence enlevée du titre se substitue une rythmique kitsch qui « ruine » le remix dès les premières notes. L’harmonie entre les arrangements et le chant est bancal et dessert l'intention première de
Ruins. Seul le dernier tiers du remix est à sauver, là où l'artiste s’amuse à la production pour intensifier les cordes vocales menaçantes de Tobias.
Enfin,
Canblaster, malgré l’originalité qu’il apporte à
Fault Line, lasse rapidement. Les beats electro et les sonneries de téléphone, bien qu’amusantes à la première écoute, s'avèrent vite irritantes durant les suivantes. Un demi-point pour la prise de risque.
La qualité de
O. Children Remixed est le savoir-faire parsemant les compositions de O. Children qui servent de base à ces créations. Certes, comme décrit ci-dessus, certains n’ont aucune inspiration ou peuvent même se rater royalement, mais la majorité font du matériau de départ quelque chose d’acceptable.Pour preuve, la relecture intelligente de
Dead Disco Dancer.
Le titre était déjà le plus inspiré de
O. Children, il est à présent le plus inspiré de
O. Children Remixed. En plus d'avoir de très bons goûts musicaux, les new-yorkais de
The Golden Filter ont donc un talent indéniable. Leur très réussi
Voluspa, paru en avril 2010, en est un parfait exemple.
Le duo de synthpop parvient à conserver l'essence de
Dead Disco Dancer tout en amenant son son, son univers, sa vision personnelle de la chanson : le tempo est ralenti, la voix de Tobias est mise en valeur et, surtout, Penelope Trappes et Stephen Hindman recréent en chœurs la mélodie centrale –
a priori leur marque de fabrique, exécutée aussi récemment sur leur reprise du
Madder Red de Yeasayer – qui font de cette relecture une pépite qui, sans dépasser l'originale, n'a clairement pas à rougir face à elle.
Sans faire preuve d’autant de talent, le reste des artistes présents sur
O. Children Remixed se permettent d’attiser notre curiosité.
Shuttle remplace l'instrumentation de
Fault Line par des sonorités électroniques entraînantes qui se métamorphosent au fil de la composition.
Melé apporte une touche exotique à
Heels à travers ses percussions, dont notamment le xylophone, une chanson à l'ambiance pourtant new wave et sombre relativement marquée.
Les trois derniers titres ne sont quant à eux pas non plus en reste.
Jam Factory fait sien
Don't Dig, variée et destructurée, après que
Drop The Lime imagine une version éthérée de
Ruins qui aurait collé à merveille aux génériques de
X-Files ou
Fringe. Enfin,
Jokers Of The Scene a saisi l'importance de Tobias dans les compositions de O. Children, créant la frustration en ne le faisant apparaître qu'à partir de la moitié de
Ruins et qui va
crescendo jusqu’à la fin. Pas d’étincelles en vue mais un remix qui termine idéalement
O. Children Remixed.
Vous aimez O. Children ? Passez votre chemin et reprenez-vous une dose de l’album, le vrai, l’unique. Leur album ne vous a pas convaincu ? Jetez une oreille sur ce
O. Children Remixed : on ne sait jamais, vous pourriez finir par apprécier O. Children !