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O. Children

Paris, Point Éphémère - 6 novembre 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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Les groupes ont toujours eu tendance à lorgner, ou rendre hommage, à leurs principales influences en se nommant à partir du titre d'un des artistes qu'ils ont écoutés et adulés, plus jeunes. C'est exactement ainsi qu'avaient procédé O. Children en choisissant un titre de Nick Cave sur l'album Abattoir Blues.

Rien à dire, l'inspiration spirituelle est excellente, mais le style musical du groupe se situe bien plus du côté de la cold wave et des formations telles que Sisters Of Mercy. Sans être péjoratif, nous devrions même parler ici de fonds de commerce tant les points de ressemblance avec le groupe d'Andrew Eldritch et Gary A. Marx sont frappants. A commencer par la voix du chanteur, Tobias O'Kandi, d'une lourdeur et d'une fréquence proches des mantras bouddhiste et qui, avec inversion du négatif, ramène inévitablement aux vocalises gothiques d'Andrew Eldritch, les Ray-Ban aviateur métal en moins, dieu merci !
Le précédent groupe de Tobias se nommait Bono Must Die... jusqu'à ce que Bono les mette en garde et qu'ils soient assaillis de menace de morts de la part de fans, furieux... Ambiance !

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Une ambiance froide et cynique qui a la bonne idée de voler en formation rock classique – basse, guitares, batterie et un petit laptop - en évitant de trop user et abuser de sonorités synthétiques qui, dans ce contexte, pourraient être faciles. Cet autre point commun avec une époque où les machines étaient plus rares semble attiser le talent d'O. Children et la sympathie de leurs fans, teenagers gothiques des années 2010, venus en petit nombre se remuer comme rarement sur un groupe encore si confidentiel.
Avec trois années d'existence au compteur, ils ont pourtant déjà marqué Internet de leur empreinte et plusieurs vidéo clips donnent le ton d'une musique très sombre et imagée et d'une voix que l'on identifie dés les premières mesures. Certains les écrivent maléfiques, d'autres funèbres... n'ont-ils pas tout simplement repris un flambeau éteint avec les cendres de feu Sisters Of Mercy, Ultravox et autres Christian Death ? Le titre Ruins – dont le vidéo clip copie assez ouvertement le clip du Ziigy Stardust par Bauhaus – confirme et infirme ce doute. Bien sûr, les ingrédients sont connus : chant macabre, guitare claquante et rythmes lourds... mais la recette s'affirme, finalement, plus fraîche et savoureuse qu'on aurait pu le croire.

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Même si le concert de ce soir n'est pas à classer parmi les moments forts du Point Ephémère (quelques problèmes techniques récurrents et un amateurisme scénique latent), d'autres compositions comme Heels ou Dead Disco Dancer laissent présager de belles choses pour ce quatuor qui aime parler de la mort et des décors de villes post-apocalyptiques. Encore un autre point commun avec leurs aînés ! Sauf qu'au début des années 80, ce n'étaient pas les virus qui détruisaient l'humanité, mais les guerres atomiques.

À bout de course après un set d'une petite heure, O. Children se rappellent à nous une dernière fois avec le titre Radio Waves. Sûrement pas le meilleur du groupe, il ne gâchera néanmoins en rien le plaisir de cette rangée de Dalhia noirs, en couple ou entre amies, venus les acclamer et savourer la plastique, la présence et la carrure du chanteur Tobias. Il semble tenir, à lui seul ou presque, les rennes du groupe en insufflant à ce dernier l'identité qui lui manque encore.

Comme le dirait Thierry Roland, en direct du stade de St Pierre où il réside depuis maintenant quelques mois : « Cette formation montre de bonnes choses mais devra encore confirmer son talent dans le futur ». Si, d'ici là, l'apocalypse du 21 décembre 2012 ne vient confirmer les peurs et imposer la musique d'O. Children comme la dernière Bande Originale de l'Humanité !
setlist
    Malo
    Ezekiel Son
    Pt Cruiser
    Swim
    Dead Disco Dancer
    Heels
    I Know You Love Me
    Yours For You
    Faultline
    Chimera
    Hollywood
    Lily's Man
    Ruins
    ---
    Radio Waves
photos du concert
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