Dutch Uncles

Jusqu'à maintenant, et avant Cadenza, le label anglais Memphies Industries avait plutôt bonne presse. La sortie du premier album de Dutch Uncles risque de tout faire basculer.

Les effets de groupes sont intolérables. Alors pourquoi s’adonner dans une démarche similaire à tant d’autres ? A cela, les mancuniens donnent l’impression de ne pas y comprendre grand chose. Manchester ne serait-il plus un urbanisme fertile ? Là, n’est pas la question. Mais on se demande toujours comment après autant d’intérêt pour Memphies Industries (The Go! Team, Tokyo Police Club), celui-ci a-t-il réussi à nous décevoir ? Et pour cause, on se refuse à penser que de si jeunes et appliqués musiciens se retrouvent déjà conférés vers des astres plombés. Mais croire n’est pas raisonner. Par lucidité, on tombe face à un constat forcément violent : en effet comment y croire ?
En plus d’un nom tristement mauvais, nos oncles hollandais les plus pittoresques de la scène anglaise fécondent un premier album idéalement adapté aux jeunes adeptes des mèches longues. Pourtant, ce n’est pas avec ce manque de personnalité, qu’ils arriveront à faire décoller le groupe des petites conventions du genre. Tel est pris celui qui croyait prendre.

Chroniquement enlisé dans ses automatismes où des claviers déconcertants aux relents synthétiques renvoient la pareille à une œuvre sans caractère, les anglais succombent à leurs dérèglements. Leur sécheresse créative n’en possède pas moins un intérêt spécifique. Une fois la déception passée, on voit qu’il s’agit d’autre chose. Grâce à Dressage, Dutch Uncles rétablit un certain équilibre et fait basculer Cadenza dans une ambiance un brin dansante sans pour autant se transcender par un surplus d’énergie.
A partir de ce quatrième titre de l’album, l’album cède à ses dérivations. On passe de l’efficacité de OCDUC à la pudeur de X-O, de l’inutile Zalo à la complaisance avec Orval. Avec cette meute de groupes soi-disant pop, honteusement gnangnan, c’est toujours la même rengaine, et cette naïveté commence sérieusement à nous fatiguer.

Pour résumer, Dutch Uncles c’est quoi ? Une seule et unique chose ! De la pop répétitive qui s’est pris un sacré coup de soleil en pleine face. De ce fait, le vieillissement était inévitable et survient, par évidence, trop rapidement. Engouffré dans un design prédéfini et pré-mâché, le quintet a de quoi se poser de sérieuses questions. Triste moisson que cet album à vite oublier.