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Dutch Uncles

O Shudder

Dutch Uncles - O Shudder
Chronique Album
Date de sortie : 23.02.2015
Label : Memphis Industries
1
Rédigé par Xavier Turlot, le 7 mars 2015
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Deux ans après Out Of Touch In The Wild, le quatuor Dutch Uncles revient dans l'actualité avec O Shudder, un quatrième disque qui sort sur l'excellent label Memphis Industries. Mais le guitariste Daniel Spedding a sans doute pris la meilleure décision de sa vie en quittant le groupe vingt-quatre heure après la parution de l'album.

La première barrière toujours intacte du groupe est la voix de Duncan Wallis, qui en se situant quelque part entre Alexis Taylor et Michael Jackson, ne manquera pas de cliver voire de braquer un auditoire encore confidentiel. On ressent immédiatement un infini sérieux, un maniérisme un peu gênant et daté qui surtout ne s'incarne pas dans des compositions très intéressantes. L'ensemble du disque se démarque par un aspect guindé et sans personnalité, à l'image des instruments à cordes employés sans inspiration. Sur Upsilon, un synthétiseur répétitif et passe-partout ne parvient pas à masquer le manque de développement dans l'écriture du morceau, de même que sur Drips qui arbore pourtant une introduction de clarinettes potentiellement intéressante mais n'amène à rien de consistant. La légère guitare math-rock ne marque aucune direction et le refrain prend l'allure d'une simple boursouflure à la surface de la soupe.
Une âme se dégage tout de même de I Should Have Read, qui propose une mélodie élégante grâce à un piano d'inspiration jazz que n'auraient peut-être pas rénié Esbjörn Svensson Trio ou Avishai Cohen, la complexification en moins. La voix n'apporte toujours pas grand chose mais l'ensemble tient, et la harpe ainsi que les ronflements de violoncelle passent sans laisser l'impression d'une présence sans justification.

Le funk rétro de Decided Knowledge est aussi une assez bonne idée même si sa base rythmique n'est pas correctement mise en valeur et son refrain ridiculement kitsch. Dommage, pour une fois que la visite du passé amenait une couleur intéressante... A la moitié du disque, quand arrive In And Out, les oreilles fatiguent. On a l'impression que le groupe suit la même stricte recette de cuisine avec les mauvais ingrédients, et cette voix qui ne met jamais plus de deux secondes à débarquer dans l'ensemble avec ses gros sabots et la même texture suffisante à la limite de la prétention, commence à rendre la perspective de finir l'album pénible. Le morceau fait penser à The Chap sans talent et sans audace, la mélodie est grossière mais ce sera la seule qui aura une toute petite chance de rester une heure dans la mémoire.
L'emploi grotesque des violons répond à des choeurs pathétiques sur Given Thing, morceau où se poursuivent les mielleux et collants épanchements vocaux de Wallis qui trouveront pour la première fois un semblant de vigueur sur Don't Sit Back, qui elle rappelle la fin de carrière de Michael Jackson... La surprise et le démenti ne viendront évidemment jamais, et quand on connaît le sort réservé aux fins d'albums en général on imagine à peine la notoriété qui reviendra à celle-ci.

En bref, l'homogénéité absolue associée à des harmonies disgracieuses, le manque de relief généralisé et la ringardise des sons employés résument un quatrième album qui continue d'interroger sur cette étrange signature de la part de Memphis Industries, un label qui accueille quand même en son sein The Go! Team, Tokyo Police Club et Menace Beach.
tracklisting
    01. Babymaking
  • 02. Upsilon
  • 03. Drips
  • 04. Decided Knowledge
  • 05. I Should Have Read
  • 06. In n Out
  • 07. Given Thing
  • 08. Don't Sit Back (Frankie Said)
  • 09. Accelerate
  • 10. Tidal Weight
  • 11. Be Right Back
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    I Should Have Read
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