Chronique Album
Date de sortie : 13.06.2011
Label : Domino Records
Rédigé par
Chloé Thomas, le 20 juin 2011
Sons And Daughters, bande d’écossais s'étant fait connaître en remettant le rock minimaliste au goût du jour à Glasgow, ont eu depuis 2003 des hauts et des bas. Ils ont commencé très fort avec Love The Cup, mini-album auto-produit finalement signé sur un label américain (nul n’est prophète en son pays), épure angoissée, concentré de rock très très rock en quelques chansons brèves et efficaces. Puis le groupe d'Adele Bethel s’est un peu trop laissé allé à l’emphase, voulant sans doute utiliser à plein les possibilités offertes par la voix puissante de leur fontwoman, et tombant du même coup dans quelque chose de presque pompier. This Gift rattrapait le coup en 2008, et depuis, le groupe - signé chez Domino Records - a trouvé sa place légitime dans la scène de Glasgow.
Mirror Mirror semble d’abord descendre en droite ligne de Love The Cup, avec une introduction très minimal wave, lente et aux voix scandées, faisant la part belle aux silences angoissants. Silver Spell est indéniablement une réussite, et en le plaçant en tête d’album, Sons And Daughters semblent vouloir se poser explicitement en héritiers d’un son eighties à la batterie avare et aux beats essentiels.
Mais ce qui suit installe un drôle de contraste entre cette instrumentation fondamentalement new wave, et une partition chantée très pop poussive dont l’importance ne cesse d’enfler. Ainsi Breaking Fun, sorti en single, déçoit globalement (Bethel est reléguée en backup, mais on conserve cette structure paradoxale et un peu dérangeante). Cela ne veut pas dire qu’Adele Bethel ne sait pas chanter, bien au contraire : on avait adoré, sur les précédents albums, sa voix particulière, très puissante, toujours juste - et qui donne au groupe une excellente présence scénique. Mais ici on est gagné par l’impression d’une incohérence globale, dommageable à l’esthétique brute qu’on n’entend plus qu’en fond sonore.
Les meilleures réussites de ce disque qui ne contient pas de tubes potentiels sont sans doute les morceaux les plus eighties, comme Orion, presque disco, et surtout The Beach, joliment triste, qui se développe sur fond de bruit d’orage. L'envie de voir Sons And Daughters en concert et de les suivre perdure toujours, mais on leur souhaite de parvenir à trier le bon grain de l’ivraie dans leur production.